Le road-movie tyrolien de trois potes gays trentenaires à l’heure du premier bilan sentimental.
Les Alpes deviendraient-elles le nouvel horizon du cinéma français ? Après la Suisse d’Olivier Assayas, voilà le Tyrol de Patric Chiha. Mais aussi éloigné de la complexité cristalline de Sils Maria que de l’élégance étrange et sombre de son premier film, Domaine, Chiha nous embarque sur la piste d’une comédie déceptive trentenaire. Trois amis homos, prototypes de hipsters parisiens, décident de partir vivre dans les montagnes autrichiennes dont l’un d’eux est originaire.
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La situation canonique du retour au pays est ici infusée par un humour résultant du décalage culturel et langagier entre la branchitude parisienne et la “provincialitude” tyrolienne : ce genre de matériau pourrait tourner à la gross rigoladen franchouillarde, façon Onteniente ou Dany Boon, mais heureusement, Chiha est beaucoup plus fin que ça et a opté pour un golri subtil à mèche lente.
Ainsi, la collision entre nos gayvroches en vadrouille (jeans, baskets, T-shirts, ironie urbaine en sautoir…) et les codes locaux (chalets en rondins, gros édredons, horloges à coucous, lenteur, calme villageois…) produit une succession de situations cocasses, à la fois un peu prévisibles et souriantes malgré tout. Boys Like Us ne joue pas du tout la partition facile qui consisterait à prendre le Tyrol de haut puisque son humour touche aussi bien l’Autriche provinciale que les trois bobos parigots.
Comme dans toute bonne comédie, le rire est ici une élégance, une politesse, qui laisse place à une veine plus grave, plus mélancolique où sonne l’heure des premiers bilans en cette phase de transit prolongé qu’est l’adulescence : amours, travail, où en est-on à 30 ans ? Boys Like Us parle aussi de la dynamique de groupe, des flux d’énergie, de déception, de solidarité et de ras-le-bol qui font, défont ou refont les petites bandes d’amis.
Un film sur l’amitié qui est aussi un film d’amitié puisque les comédiens, peu célèbres, connaissent le réalisateur de longue date : cet “entre potes” du tournage du film à son sujet fait tout le prix d’une comédie certes pas immense mais pleine d’un charme fragile.
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