Boy meets girl, et les années 80 rencontrent leur cinéaste. Le premier film de Carax, et le plus attachant. Un poème en noir et blanc.L’intrigue pourrait se résumer aussi simplement que le titre : deux êtres à la dérive, Alex et Mireille, se rencontrent un soir de détresse. Repliés sur eux-mêmes, sur leur ennui et […]
Boy meets girl, et les années 80 rencontrent leur cinéaste. Le premier film de Carax, et le plus attachant. Un poème en noir et blanc.
L’intrigue pourrait se résumer aussi simplement que le titre : deux êtres à la dérive, Alex et Mireille, se rencontrent un soir de détresse. Repliés sur eux-mêmes, sur leur ennui et leur solitude, ils ont l’âge de l’auteur. C’est le premier film de Leos Carax, alias Alexandre Dupont. Quand on découvre ce poème en noir et blanc, il y a presque vingt ans aujourd’hui, on se dit qu’on tient le cinéaste qui saura saisir l’esprit de l’époque : une érudition sans lourdeur, une lucidité sans aigreur, un désespoir sans renoncement. Fils spirituel de Cocteau et de Garrel, Carax met de la magie dans la captation du réel, et du quotidien dans le fantastique. A l’époque, agacée par son ambition (son nom est l’anagramme de son diminutif, Alex, et d’Oscar, la récompense hollywoodienne suprême), la critique lui a beaucoup reproché son formalisme. Avec le recul, on voit bien que l’émotion est intacte, et que si elle l’est, c’est qu’il y a une vraie substance sous la maîtrise formelle. D’autres, excessifs, ont cité Dreyer, Welles ou Godard, références écrasantes, et à la revoyure, assez fausses. Non, le regard de Carax n’appartient qu’à lui, avec ses afféteries et ses fulgurances. Un regard qui sait capter la beauté, mieux, la vie de Mireille Perrier et la sensibilité à fleur de peau de Denis Lavant. Tous les trois manquent aujourd’hui sévèrement au cinéma français.
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