La dernière livraison Pixar, Cars 2, caracole en tête du box-office U.S malgré un accueil critique glacial. La presse américaine aurait-elle un peu trop vite annoncé la fin du studio de John Lasseter ?
C’est ce qu’on appelle une sérieuse gueule de bois. Après des années de noces heureuses entre la maison Pixar, les critiques et les spectateurs (la trilogie Toy Story, Les Indestructibles, Wall-E, Là-haut qui cumulaient réussite artistique, reviews positives et fortune au box-office), le dernier produit star de la société d’animation, Cars 2, s’est fait étriller par la presse américaine. Partout –ou presque- on annonce le « pire film de Pixar », lorsque les médias ne dénoncent pas la nouvelle politique du tout-marketing qui contaminerait le studio piloté par John Lasseter (récemment racheté par Disney).
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Mais surprise: « En dépit des critiques, c’est un départ en trombe pour Cars 2 » titrait hier le blog Arts Beat, alors que l’agence Reuters pronostiquait déjà une victoire par K.O du film sur les grincheux de la presse (« Cars 2 crunches critics »). Pour son premier week-end d’exploitation, le dernier Pixar a largement pris la tête du box-office U.S et réalise un meilleur démarrage que le Cars original. Un succès inespéré pour le studio, injustifié pour les médias, et qui semble annoncer un changement de stratégie des créateurs de Toy Story.
Un pur produit marketing
Après un premier opus déjà très discuté, la séquelle Cars 2 (coréalisée par Brad Lewis Ratatouille et John Lasseter) s’est donc attirée les foudres de la critique. « Encore pire que le premier » pour le New York Post, « au-delà de la médiocrité » pour le Wall Street Journal, « largement dispensable » pour le New York Times, et « sans aucun humour » pour le Chicago Tribune. Bref, un ratage complet et très médiatisé, auquel la référence Rotten Tomatoes (site qui recense les critiques) ajoutait un honteux 34% de satisfaction pour Cars 2 – quand Toy Story cumulait 99% d’avis positifs, ou Là-Haut plafonnait à 98%.
Mais « le premier mauvais Pixar » depuis 16 ans, (Toy Story, 1995), allait pourtant attirer les spectateurs : en seulement trois jours d’exploitation, il réalise 68 millions de dollars de recettes, qui viennent s’ajouter aux plus de 110 millions de dollars cumulés par le film sur 18 marchés étrangers. Boosté par l’exploitation en 3D, le film dépasse ainsi les entrées du Cars original (60 millions en premier week-end), et offre au studio d’animation son 12e meilleur démarrage. C’est largement au-delà des espérances de Pixar, qui envisageait un premier week-end aux alentours de 50-55 millions de dollars.
Un succès déroutant pour la presse américaine qui, en plus d’avoir incendié le film, insistait sur ses ambitions « exclusivement » commerciales (une nouveauté, pour un studio habitué aux consécrations des Oscars et des Golden Globes). « Cars 2 existe uniquement à cause du succès du marchandising suscité par le film original » déclarait ainsi l’analyste Doug Creutz au Los Angeles Times. Depuis la sortie du premier opus, les produits dérivés du film ont en effet apporté plus de 10 millions de dollars au studio –le plus grand succès de ventes pour une licence Pixar.
La nouvelle orientation de Lasseter ?
Les studios qui osaient donner un premier rôle à un papy grabataire dans Là-haut (sacrifiant ainsi tout un potentiel de produits dérivés) auraient donc rejoint la politique cynique de Dreamworks (1 film = 1 jouet) ? Pas exactement, selon le blog de référence Comic Riffs, hébergé par le Washington Post, qui défend la nouvelle stratégie de John Lasseter : Cars 2, s’il n’atteint pas le niveau des « chefs-d’œuvre » de Pixar, répondrait parfaitement « aux attentes des fans ».
« Peut-être John Lasseter sait-il que les spectateurs américains aiment la vitesse, les histoires d’espionnage et les blagues référentielles, indique le Comic Riffs. Ou que les enfants de douze ans n’en ont rien à foutre des critiques ».
En attendant un vrai retour aux affaires (John Carter ?), Cars 2 participerait donc d’une sorte de création parallèle au sein du studio : une veine de pure exploitation, moins ambitieuse, confirmée par le lancement de spins-off et de Directs to DVD. Comme l’étonnant Planes, qui semble n’avoir plus de Pixar que la petite lampe du générique.
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