Le dernier film de Valérie Donzelli, La Guerre est déclarée, cartonne au box-office français, ses distributeurs vont quasiment doubler le nombre de copies et on l’annonce déjà comme un candidat probable aux Oscars. Une réussite pas si prévisible.
« Sans surprise ». C’est le refrain le plus entendu depuis quelques jours pour commenter le succès au box-office de La Guerre est déclarée, le deuxième film de l’actrice-réalisatrice Valérie Donzelli. La rumeur cannoise (alimentée depuis une projection très glamour en ouverture de la Semaine de la Critique), le prix significatif de l’AFCAE (remis par les exploitants français) et le soutien quasiment unanime de la presse auguraient pour certains, avant même la sortie du film en salle, d’un grand succès populaire. Mais « c’est une folie de penser ça » conteste le producteur de La Guerre est déclarée, Edouard Weil :
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
« Nous avons fait ce film sans ambition commerciale, explique-t-il aux Inrocks. C’est un sujet compliqué (la maladie d’un enfant), sans aucune star au casting ; le succès n’était donc vraiment pas assuré d’avance. »
Un démarrage très prometteur
C’était même un pari plutôt risqué pour sa société, Rectangle Productions, qui a rassemblé avec le concours de Wild Bunch et Canal + un budget estimé entre 1,3 et 1,5 million d’euros, sur la base d’un nom (Valérie Donzelli) encore inconnu il y a quelques mois -et dont le premier film, le confidentiel La Reine des Pommes, n’avait attiré que 26 000 spectateurs. « Le projet a été monté sans scénario, dans l’urgence, et nous avons essuyé pas mal de refus de partenaires financiers » précise Edouard Weil.
Mais un pari récompensé mercredi dernier : avec près de 35 000 spectateurs sur un nombre de copies assez modeste (129), et une moyenne de 267 spectateurs par salle, La Guerre est déclarée réalisait le deuxième meilleur démarrage de la semaine -juste derrière le blockbuster Destination Finale 5 (128 000 entrées sur 360 écrans). Un très bon départ, mais « pas un exploit » selon l’attaché de presse du film, qui rappelle que le succès n’était pas garanti :
« C’était loin d’être gagné, explique-t-il. Jusqu’à dimanche ou lundi, avant la diffusion des sujets des journaux télévisés du 20 heures, le film n’était pas encore très visible en Province. C’est avant tout un phénomène parisien, médiatique, une petite sortie dont on ne pouvait pas mesurer encore l’impact auprès du large public ».
Le film a continué sur sa lancée victorieuse ce week-end, attirant jusqu’à dimanche soir plus de 160 000 spectateurs, avec la meilleure moyenne par copie de la semaine (1300) –soit un début d’exploitation équivalent à la sensation cannoise 2010, Tournée de Mathieu Almaric (30 000 spectateurs en première journée, 172 000 en une semaine). Mais le film de Valérie Donzelli n’a pas encore gagné toute la France : il réalise plus de 45 % (77 000) de ses entrées à Paris ou en région parisienne.
La saison des récompenses
Un déséquilibre que compte bien résoudre la société de distribution Wild Bunch, qui prévoit une augmentation très conséquente de copies (on parle de 90 écrans supplémentaires) sur tout le territoire pour la deuxième semaine d’exploitation. « Le film commence à prendre en Province, ce qui est un très bon signe » confirme Edouard Weil, qui refuse toujours de fixer des objectifs de fin de carrière –même si le film est déjà presque assuré de franchir la barre des 500 000 entrées.
Le succès public et critique devrait faire du film de Valérie Donzelli un candidat très sérieux à la prochaine cérémonie des Césars en février 2012. Mais aussi, pourquoi pas, un représentant de la France aux Oscars, après les « éliminations » des deux prétendants The Artist et Polisse (tous deux sortis après la date limite de sélection des films arrêtée par l’académie américaine au 30 septembre). Et terminer sa belle carrière sur les marches du Kodak Théâtre.
Romain Blondeau
{"type":"Banniere-Basse"}