Un fragment de la vie de Chet Baker qui évite les écueils du biopic tradi.
Quelques exemples récents (Steve Jobs, Miles Ahead) nous ont soufflé que la forme strictement linéaire et édifiante du genre biopic, en vigueur au moins depuis 2000, était frappée de ringardise jusqu’au cœur du système hollywoodien. A la place, des films en friche, moins inféodés au fil des vies dépeintes, tentés de les saisir par métonymie, par ellipses, par désarticulations temporelles, et Born to Be Blue vient d’une certaine manière vérifier cette impression.
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Etonnamment fragmentaire, centré sur la traversée du désert de Chet Baker après une rixe qui lui coûta en 1966 quelques dents et un réapprentissage de la trompette, le film fait une drôle de chose du mythe du playboy fifties : il s’ouvre sur le tournage d’un film autobiographique que Baker aurait tourné au début des années 1960, et joue sur l’ambiguïté entre cette vie rejouée, très stéréotypée, et la vie réelle.
Aura virtuelle
Ironie : ce tournage est une pure invention du scénario. Dans toute la suite du film, Budreau joue ainsi de l’aura du prince of cool comme d’une pure virtualité du personnage, dont on ne sait si c’est lui qui la poursuit ou l’inverse – et où il ne parviendra à se fondre pour de bon que pour en faire, in fine (troublante dernière scène de live au Birdland), son cercueil.
Born to Be Blue de Robert Budreau (E.-U., G.-B., Can., 2015, 1 h 37)
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