Cinéaste indissociable du Nouvel Hollywood, célèbre pour ses collaborations fructueuses avec Jack Nicholson, Bob Rafelson est décédé ce samedi 23 juillet 2022 à l’âge de 89 ans.
Fils de chapelier et passionné de rodéo, rien ne destinait Bob Rafelson au septième art. Après une fin d’adolescence passée entre New York, l’Europe et le Japon, Bob Rafelson intègre un orchestre de jazz mexicain en tant que batteur avant d’entamer des études de philosophie. Une fois son diplôme en poche, au milieu des années 50, le futur cinéaste passe d’abord par le monde de la critique puis rejoint les rangs de Play on the Week, l’émission du NTA Film Network dirigée par David Susskind. Ce n’est qu’en 1966, à l’âge de 33 ans, qu’il fait ses débuts dans la création pour le petit écran avec la série comique The Monkees, qui traite d’un groupe de rock pensé comme un pastiche américain des Beatles. Succès immédiat, la série s’offre deux saisons, 58 épisodes et deux Emmy Awards dont celui de la meilleure série comique en 1967.
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Une longue et fructueuse collaboration avec Jack Nicholson
Très ami avec l’acteur Jack Nicholson depuis l’arrivée de ce dernier à Hollywood, Bob Rafelson lui propose d’écrire la version cinéma des Monkees. Intitulé Head et sortie en 1968, le film est un échec retentissant, mais néanmoins précurseur de la longue collaboration entre les deux artistes qui, après ce faux départ, trouve un second souffle avec le film qui deviendra l’une des pierres fondatrices de ce que l’on appellera plus tard le Nouvel Hollywood. Dans Cinq pièces faciles (1971), Bob Rafelson dirige en effet pour la première fois le comédien et contribue à l’édification de sa légende, avec ce rôle de jeune musicien ayant tourné le dos à son destin pour épouser une barmaid et devenir ouvrier. Ce premier rôle majeur a d’ailleurs offert à Nicholson sa première nomination à l’Oscar du meilleur acteur et à Rafelson sa seule nomination à ceux de meilleur film et meilleur scénario original.
Par la suite, Bob Rafelson consacre ses projets presqu’exclusivement à celui qui est désormais son acteur fétiche. D’abord en 1972 avec The King of Marvin Gardens, un drame dans lequel Jack Nicholson campe un animateur de radio tentant de concrétiser un projet imaginé par son frère, mais surtout en 1981, avec Le Facteur sonne toujours deux fois, thriller érotique adapté du roman éponyme de James M. Cain (qui avait déjà fait l’objet d’une adaptation, devenue mythique, par Tay Garnett en 1946, avec John Garfield et Lana Turner). Sélectionné hors-compétition au 43e festival de Cannes, le film met en scène un Jack Nicholson impressionnant en vagabond aussi séducteur que sanguin, à Jessica Lange, à la fois sulfureuse et vénéneuse, donne la réplique. Le succès du long-métrage permet à Rafelson de faire un vrai retour sur le devant de la scène après quelques années peu fructueuses. Il aura néanmoins développé pendant celles-ci une activité de producteur, en finançant le tournage de l’une des œuvres majeures du cinéma français qu’est La Maman et la Putain de Jean Eustache.
Une fin de carrière en demi-teinte
Il opère un nouveau retour en tant que réalisateur (sans Jack Nicholson) en 1987 avec le thriller La Veuve Noire, puis en 1990 avec le film d’aventure Aux Sources du Nil, avant qu’il ne retrouve son comédien phare dans Man Trouble (1992), dont l’échec marquera hélas le début d’un affaiblissement progressif de sa carrière. À la manœuvre au début des années 90 sur un format court et exclusivement érotique (le court-métrage Wet et la série Fenêtre sur Toiles), il retrouve Jack Nicholson pour un cinquième et dernier projet de long en 1996 : Blood and Wine. Succès modéré, l’acteur y campe un négociant en vin désabusé qui cherche à voler un précieux bijou à l’un de ses clients. Son dernier film, le polar Sans Motif apparent (2002), rencontrera un succès mince et ne sortira en France que directement en DVD.
De par l’influence qu’a eu Cinq pièces faciles sur le cinéma américain des années 70, Bob Rafelson est aujourd’hui considéré comme l’une des figures de proue du Nouvel Hollywood.
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