On peut avoir un physique archétypal et être inclassable. Owen Wilson, par exemple. Apparemment le blond aux yeux bleus de service, ni spectaculaire ni banal, juste mignon. De près, ce sont les détails bizarres de son visage qui apparaissent : le nez trop busqué, les yeux trop plissés, et surtout cette bouche en cul de […]
On peut avoir un physique archétypal et être inclassable. Owen Wilson, par exemple. Apparemment le blond aux yeux bleus de service, ni spectaculaire ni banal, juste mignon. De près, ce sont les détails bizarres de son visage qui apparaissent : le nez trop busqué, les yeux trop plissés, et surtout cette bouche en cul de poule qui forme un o perpétuellement étonné.
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Le blanc-bec texan typique ne l’est pas tant que ça. Acteur chouchou de Wes Anderson, il a inventé avec lui un personnage de jeune homme torturé à qui le monde offre d’incessantes énigmes fugitives, permettant au cinéaste de cueillir cet instant de cinéma où un nuage de désarroi passe dans son regard à l’azur si neutre.
Acteur aussi de comédies majoritaires (Mon beau-père et moi) où il sait camper l’Américain de base avec une facilité donnant l’impression d’en être, il peut même pousser le bouchon réaliste jusqu’à jouer l’obsédé sexuel sans états d’âme (Serial noceurs). Il sait aussi composer des personnages plus extrêmes, mannequin frimeur chez Ben Stiller (Zoolander) ou sportif mou du cerveau chez James L. Brooks (Comment savoir).
Américain tour à tour torturé, tranquille et fantaisiste, il a une capacité unique à lier le comique trivial et la grâce, à débiter des blagues lourdaudes en les allégeant par le plissement si fin de ses yeux. Dans B.A.T Bon à tirer des frères Farrelly, il se tire admirablement des conventions en ajoutant toujours une légère gêne aux saillies laborieusement trash, gêne du type qui n’oublie pas que l’imagination a aussi son mot à dire.
Dans une des rares bonnes scènes du film, les deux héros évoquent ce moment miraculeux où ils enlèvent la culotte d’une fille pour la première fois : “J’adore quand elle se cambre pour t’aider à finir le travail.” Ils sont vautrés sur un lit, tout ramollis par cette évocation, et un truc à la fois sensuel et mélancolique passe dans la scène : alchimie merveilleusement wilsonienne.
Axelle Ropert
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