Ces temps-ci, le biopic semble se porter mieux que jamais. A Cannes, on a ainsi pu découvrir le Rodin de Jacques Doillon, le Godard de Michel Hazanavicius, la Barbara de Mathieu Amalric, la Jeanne d’Arc de Bruno Dumont, autant de films qui vont occuper les écrans en cette rentrée, rejoints par le Karl Marx de Raoul Peck, la […]
Ces temps-ci, le biopic semble se porter mieux que jamais. A Cannes, on a ainsi pu découvrir le Rodin de Jacques Doillon, le Godard de Michel Hazanavicius, la Barbara de Mathieu Amalric, la Jeanne d’Arc de Bruno Dumont, autant de films qui vont occuper les écrans en cette rentrée, rejoints par le Karl Marx de Raoul Peck, la Victoria de Stephen Frears ou encore le Gauguin d’Edouard Deluc.
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Fictionner tout ou partie de la vie d’une célébrité ne constitue en rien une “garantie de bonne fin” et sans surprise. Les résultats sont qualitativement divers. Hormis le genre, rien de commun entre l’imagier soporifique de Deluc, la reconstitution un brin scolaire de Peck, la comédie académique de Frears, le bonbon pop sans conséquence d’Hazanavicius, le classicisme épuré de Doillon, le work in progress sensible d’Amalric, et l’objet filmique non identifié de Dumont.
Une vision au mieux lacunaire
Cette disparité interroge le contrat du biopic supposé restituer l’existence ou la vérité d’une personne célèbre en deux heures. Une vie se réduit-elle à une suite de faits et d’anecdotes ? Un biopic peut-il parvenir aux “passages secrets dans le temps et au solide des choses” comme l’écrit Despentes dans Vernon Subutex ?
Comment oublier que les biopics en disent peut-être plus sur leur auteur que sur leur sujet, que l’on regarde autant Vincent Lindon que Rodin, Judy Dench que Victoria, Louis Garrel que Godard ? Le biopic chimiquement pur n’existe pas et ne peut offrir qu’une vision au mieux lacunaire, au pire inexacte, de la “vraie vie” de telle ou tel – ce qui, bien sûr, n’empêche pas de générer du bon cinéma.
Headbanging
Ce n’est pas un hasard si les deux plus beaux films de cette brochette sont ceux dont les auteurs ont compris et intégré l’impossibilité du biopic, recherchant plutôt l’évocation : soit Barbara où Amalric se saisit de caractères de la chanteuse pour les mixer avec une actrice fictive et la bien réelle Jeanne Balibar (qui s’est inspirée de Delphine Seyrig et de chanteurs de rock), et Jeannette, l’enfance de Jeanne d’Arc où Dumont transpose Domrémy dans le Pas-de-Calais et imagine une pucelle qui chante de l’opéra-rock et pratique le headbanging. La singulière liberté de ces films rend anecdotique la question du biopic certifié conforme.
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