Le gros effet qu’a fait son film sur la Croisette devrait établir sa reconnaissance. Mais Bertrand Bonello n’en est pas à ses débuts. Au commencement était la musique. Tout petit, on le met au piano, il accroche, et dès l’âge de 18 ans, il travaille avec Les Innocents. La voie paraît tracée. Mais ce serait […]
Le gros effet qu’a fait son film sur la Croisette devrait établir sa reconnaissance. Mais Bertrand Bonello n’en est pas à ses débuts. Au commencement était la musique. Tout petit, on le met au piano, il accroche, et dès l’âge de 18 ans, il travaille avec Les Innocents. La voie paraît tracée. Mais ce serait compter sans un événement fondateur : alors qu’il a 10 ans, on lui interdit de regarder Psychose d’Hitchcock. « J’ai trouvé avec le cinéma quelque chose de plus complet qu’avec la musique. Faire un disque procure un plaisir immédiat. Alors que faire un film, c’est un plaisir plus mental. Je ne sais même pas si on peut parler de plaisir, d’ailleurs. Ce qui m’excite le plus dans le cinéma, c’est le collage. Par exemple filmer Jean-Pierre Léaud comme un arbre. Mais attention, je ne pars pas dans l’abstraction pour autant. Je tiens à ce que cette poésie intervienne au sein d’une narration. » Dans ce registre, sa référence est Pasolini. « Je sais tout sur lui, j’ai lu et vu toute sa production. Son cerveau me fascine : un parfait mélange de viscéral et d’intelligence. Quand il filme un visage, on a l’impression que c’est la première fois qu’on filme un visage. »
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Logiquement, pour l’un de ses premiers courts, totalement autoproduit, Bertrand a adapté Qui je suis de Pasolini. Puis Bonello est passé au long avec Quelque chose d’organique, film plus que singulier, singulièrement passé inaperçu : « Et pourtant, j’ai l’impression de faire des films très populaires ! C’était un projet ambitieux. » Echec ou pas, Bertrand entretient le projet de faire un disque entre chaque film avec le collectif Laurie Markovitch. « Mais il ne faut pas forcément opposer mon travail de musicien à celui de cinéaste : je construis mes scènes comme des morceaux de musique, non de manière intellectuelle ou psychologique. Jean-Pierre Léaud est pareil : il travaille en contretemps, casse toujours le rythme. »
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