Berlin Alexanderplatz raconte les aventures de Franz Biberkopf, ex-proxénète, repris de justice, dans la jungle berlinoise des années 20. Adaptant son roman fétiche, œuvre d’Alfred Döblin parfois comparée à Ulysse de Joyce, Rainer Werner Fassbinder, comme tous les grands cinéastes qui ont œuvré pour le petit écran (Pialat avec La Maison des bois, Lynch avec […]
Berlin Alexanderplatz raconte les aventures de Franz Biberkopf, ex-proxénète, repris de justice, dans la jungle berlinoise des années 20. Adaptant son roman fétiche, œuvre d’Alfred Döblin parfois comparée à Ulysse de Joyce, Rainer Werner Fassbinder, comme tous les grands cinéastes qui ont œuvré pour le petit écran (Pialat avec La Maison des bois, Lynch avec Twin Peaks), se soucie comme d’une guigne de l’efficacité, de la concision, du rythme mécanique des fictions télévisuelles. Dès le début de ce feuilleton comptant quatorze épisodes, on se perd dans une étrange divagation, au diapason du désarroi du héros, homme massif, tout ce qu’il y a de pas glamour, qui retrouve la liberté après quatre ans purgés en prison pour le meurtre de sa femme.
Semblable à un fou, errant, gémissant, Biberkopf est recueilli par un juif orthodoxe qui lui conte une curieuse fable… Au lieu d’enchaîner les images comme un téléaste, Fassbinder reste un pur cinéaste, faisant durer les scènes, enveloppant les déplacements des personnages d’élégantes arabesques, recourant à ses maniérismes habituels (le jeu sur les miroirs, les voilages), et transformant parfois cette longue dérive aussi bien mentale qu’onirique de Biberkopf en tableaux de genre clair-obscurs, aussi plastiques, nus et désespérés que ceux du peintre Edward Hopper. Par ailleurs, il ponctue régulièrement l’action par des passages en voix off du roman décrivant ce que les personnages sont en train de penser ou de vivre. Fassbinder invente ici le feuilleton impressionniste.
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