Avec “ADN”, la cinéaste filme une crise familiale portée par des personnages trop stéréotypés et inaboutis pour émouvoir vraiment.
ADN raconte l’histoire de Neige (Maïwenn), dont le grand-père algérien, Emir (Omar Marwan), un intellectuel et combattant du FLN pendant la guerre d’Algérie, va bientôt mourir, alors qu’il était le ciment de la famille (on nous le dit plusieurs fois mais on ne le voit pas trop, en fait).
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Toute la famille lui rend visite à l’EHPAD et tout le monde rit bien, notamment sur le dos d’une vieille résidente “Alzheimer”. Et puis Emir meurt. Alors là, toute la famille pleure abondamment (cliché : dans la vraie vie, tout le monde n’exprime pas son chagrin par des larmes). Ensuite, toute la famille va choisir le cercueil aux Pompes funèbres et là, tout le monde s’engueule parce qu’évidemment, dans la vie, personne n’est jamais d’accord sur rien.
Le cinéma de Maïwenn prolonge une esthétique dont Claude Lelouch a pu incarner en son temps le parangon. Elle aime l’impro, recherche avant tout un état de connivence entre les spectateur·trices et les personnages, regarde ses acteur·trices jouer, avec des yeux enamourés qui n’évitent pas une complaisance excessive (Louis Garrel, dont le personnage accumule les blagounettes lourdingues, n’est pas aussi drôle que semble le trouver Neige), tout en se filmant au cœur de la mêlée.
Un spectaculaire de surface
Dans le cinéma de Maïwenn (c’était déjà le cas avec Polisse, 2011, ou Mon roi, 2015), les êtres humains n’ont que trois types de réactions à opposer à la vie : 1) rire (se moquer, souvent) 2) pleurer 3) s’envoyer des paquets d’horreurs à la figure (voire se foutre sur la gueule, comme dans Mon roi).
Reconnaissons qu’entre rires, larmes et reproches, Maïwenn parvient à fabriquer des scènes (au sens de “scènes de ménage”) et manifeste depuis toujours une vraie habileté (presque technique) à filmer des états de crise. Mais en vain. Les fêlures des personnages, leur douleur primale, se résorbent dans un spectaculaire de surface.
ADN de Maïwenn avec elle-même, Fanny Ardant, Louis Garrel, Marine Vacth, Dylan Robert (Fr., Alg., 2020, 1h30)
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