Le stupéfiant “Beau is Afraid” d’Ari Aster, l’émouvant portrait des amis d’Alain Cavalier et le nouveau navet de Kim Chapiron… Voici les films à voir (ou pas) cette semaine.
Beau is Afraid d’Ari Aster
Monstrueux, outrancier, virtuose, excessif : Beau Is Afraid cultive les hyperboles et empile les morceaux de bravoure, mais garde le cap pourtant fragile de son ambition infuse : pénétrer au plus profond des angoisses existentielles qui nous habitent, et leur donner une forme. Après l’halluciné Midsommar, Ari Aster refait le coup, et nous stupéfie encore.
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L’Amitié d’Alain Cavalier
En réalité, l’amitié se lit dans le regard que porte le cinéaste sur chacun·e. L’amitié, c’est L’Amitié, le film. Ce sont donc des sourires et des rires complices entre gens qui ont eu des plaisirs et des souvenirs en commun, que nous ignorons pour la plupart mais que nous devinons parce que nous savons bien ce que c’est, l’amitié. C’est l’amusement de mettre l’autre en scène, de lui faire jouer son propre rôle.
La critique de Jean-Baptiste Morain
Le Jeune Imam de Kim Chapiron
Particulièrement bâclé, cet empilement de lieux communs servis avec une mise en scène toute en coups de force bourrins, ralentis dramatiques, gros plans sensationnalistes et musique à suspens, raconte bel et bien une arnaque, mais celle du film en lui-même plutôt que celle qu’il essaie paresseusement de raconter.
La critique de Bruno Deruisseau
Quand tu seras grand d’Andréa Bescond et Éric Métayer
Quelque chose d’un argument marketing ou d’un slogan de prévention finit par contaminer la vision du film qui par excès de bonté et de bonne humeur généralisée finit par chasser la nuance et gagne en mièvrerie. La récente et véhémente prise de parole d’Andréa Bescond face à Marlène Schiappa dans l’émission C ce soir sur l’inaction du gouvernement face aux violences faites aux femmes, son engagement féministe exprimé sur son compte Instagram, lui confère un indéniable capital sympathie militant. Sans doute à exprimer davantage dans une tribune, sur un plateau télé, que derrière la caméra.
La critique de Marilou Duponchel
Burning Days d’Emin Alper
C’est toute l’incompréhension entre deux mondes qui entrent alors en collision et qu’Alper scrute avec minutie et humour, avant de basculer dans un enfer des plus suffocants sur la corruption, la misogynie et l’homophobie. Volontairement plus outrancier et éminemment métaphorique, le film met en scène des immenses dépressions géologiques qui engloutissent des terrains entiers, qu’il révèle comme stigmate et allégorie évidente d’un pays qui ne parvient pas à sortir de l’abîme.
Noémie dit oui de Geneviève Albert
Alors que l’on reconnaît trop vite Noémie et l’image-prototype qui l’enchaîne, boule de nerf écorchée vive pleine de fureur et de désespoir, les clients de passe, eux, sont soumis à un regard neuf. Un élargissement des profils s’opère et c’est une sociologie nouvelle de la prostitution, éloignée de toute diabolisation, que semble proposer avec justesse le film.
La critique de Marilou Duponchel
Mad Dog de Phil Tippett
Sous ses airs philosophiques (2001, l’Odyssée de l’espace n’est jamais très loin), Mad God interroge la vie et si elle mérite seulement d’être vécue quand l’être vivant détruit systématiquement tout sur son passage. Muet, le film s’épargne de grands discours creux pour faire ressentir avec l’intensité d’une première fois ce que le monde et les créatures qui l’habitent ont de plus répugnant au fond d’eux.
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