Philippe Haïm semble avoir précisément réalisé le film qu’il avait en tête. Chaque plan impressionne par le soin extrême apporté aux décors, aux éclairages, aux angles de caméra, aux costumes, à la musique (sa formation : il a entre autres composé la BO de L’Appât de Bertrand Tavernier). Comme un cauchemar dont on se souviendrait […]
Philippe Haïm semble avoir précisément réalisé le film qu’il avait en tête. Chaque plan impressionne par le soin extrême apporté aux décors, aux éclairages, aux angles de caméra, aux costumes, à la musique (sa formation : il a entre autres composé la BO de L’Appât de Bertrand Tavernier). Comme un cauchemar dont on se souviendrait dans les moindres détails, le scénario se prête parfaitement à un tel formalisme. Clément (Jean Rochefort, dans un registre guindé/pince-sans-rire qui lui convient) est un monsieur très bien qui s’ennuie un peu. Un nouveau voisin prénommé Luc (le débutant Guillaume Canet) s’installe sur son palier. Tout naturellement, Clément invite Luc à dîner et lui présente sa femme. C’est alors que les choses se gâtent : Violette est un mannequin en cire auquel Clément prête des exigences de plus en plus gênantes au fil du repas. Quand Luc tente de s’échapper, c’est trop tard : Clément le séquestre sous prétexte que c’est la volonté de Violette. A partir de là, s’installe un huis clos angoissant. Clément est complètement fou, mais ses raisonnements sont très logiques, et Luc aura beau chercher la faille pour s’échapper, il ne la trouvera pas. Après un début très accrocheur, le scénario devient alors un peu répétitif. On finit par connaître par coeur les recoins de la pièce dans laquelle se cogne Luc, et sa claustrophobie devient peu à peu la nôtre. Par un malheureux télescopage du calendrier des sorties, on vient tout juste de revoir Le Limier (Sleuth) du cher Joseph L. Mankiewicz (réédité mercredi dernier). Or, sur un point de départ très similaire, le maître parvient à captiver son public jusqu’au bout parce que les rapports de force entre Laurence Olivier et Michael Caine s’inversent constamment au fil du film. Ce jeu de masques incessant, on ne le retrouve pas ici. Une fois la situation posée, elle n’évolue jamais. Pendant longtemps, on attend que Luc reprenne l’avantage, et puis comme ça n’arrive pas, on finit par décrocher. Dommage : on en vient à penser que sur un tel postulat, un court métrage aurait suffi. Haïm est d’ailleurs l’auteur de Descente, un court fantastique et drôle très réussi, sorti en salles en juin dernier. A cause des limites du scénario, Philippe Haïm livre un bel objet un peu vain. Au moins a-t-il créé un univers formel cohérent, ce qui n’est déjà pas mal.
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