L’enjeu de Bullet ballet est social, urbain et contemporain, ou presque. En dépeignant les chassés-croisés d’un employé de bureau et d’une bande de loubards qui tabassent les citadins à la manière des droogs d’Orange mécanique, Shinya Tsukamoto, seul réalisateur cyber-punk répertorié, ressuscite en effet la pose new-wave/cold-wave : personnages pretty vacant , noir et blanc […]
L’enjeu de Bullet ballet est social, urbain et contemporain, ou presque. En dépeignant les chassés-croisés d’un employé de bureau et d’une bande de loubards qui tabassent les citadins à la manière des droogs d’Orange mécanique, Shinya Tsukamoto, seul réalisateur cyber-punk répertorié, ressuscite en effet la pose new-wave/cold-wave : personnages pretty vacant , noir et blanc charbonneux, montage et filmage heurtés, décors et musique industriels’ Le cinéaste plonge néanmoins plus hardiment au c’ur de la matière organique des cités actuelles que la plupart de ses collègues nippons d’aujourd’hui. Contrairement à Kitano, (Kyoshi) Kurosawa ou Hashiguchi (Grains de sable), Tsukamoto est aussi un cinéaste franchement impur, enchevêtrant pêle-mêle des images tournées caméra à l’épaule dans les rues de Tokyo, des passages clipés, ou bien des inserts cliniques d’objets. Baroque et lyrique à sa manière, il fonde son style sur l’accumulation anarchique, l’hétérogénéité visuelle et narrative, l’outrance calligraphique. Il tutoie sans complexes le grotesque, ce qui s’accompagne d’une forme d’humour à froid à travers lequel transpire le malaise éternel de l’adolescence, une impuissance rageuse proche de La Fureur de vivre de Nicholas Ray. Tout ceci pour dire que malgré une apparence mécanique, post ou néobranchée, ce film foutraque est une chose fragile, dotée d’une âme, d’une fraîcheur candide qui le rendent aussi humain qu’un drame réaliste. Sous les blousons de cuir trashy-flashy frémissent les c’urs des enfants apeurés de notre monde technologique sans conscience.
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