Paolo Sorrentino n’a cessé de revisiter la comédie humaine balzacienne au prisme de l’Italie contemporaine. Déjà Il Divo, en 2008, revenait sur la carrière et les déboires de Giuilio Andreotti, sénateur influent au sein de la Démocratie chrétienne, accusé de complicité avec la mafia. Car la vie politique italienne est une scène de théâtre, et ses acteurs des illusionnistes. Le réalisateur n’a pas fini de le démontrer, en atteste la bande-annonce de son nouveau film, Silvio et les autres, biopic sarcastique de Silvio Berlusconi.
Chronique politique acerbe sur celui qui a pendant des années échappé au système judiciaire, mêlé ses scandales personnels à sa carrière étatique, le film semble adopter dans sa forme même l’hubris du personnage de Berlusconi. Tout se passe comme si la démesure, le sens de l’artifice avaient contaminé la mise en scène: Paolo Sorrentino filme la politique comme une fête décadente, un clip interminable et saccadé dans lequel la fiction paralyse la réalité. Cette ivresse du pouvoir construite sur des artifices culmine vers la figure de l’acteur Toni Servillo, dont le visage immobile semble être un masque. Sorte de vampire médiatique, Sorrentino saisit Berlusconi comme un être de nuit qui aspire autour de lui tous les regards et les désirs.
Diffusé en deux parties en Italie, le film sortira en France sous la forme d’un seul long-métrage le 31 octobre 2018.