Il aura donc fallu plus d’un an pour que Baise-moi le film, sorte de son purgatoire et réapparaisse dans les salles, assorti d’une juste interdiction aux moins de 18 ans, réhabilitée pour l’occasion. Après les levés de boucliers prêchi-prêcha, et les pétitions de soutien, reste un film qui a été privé de sortie, refoulé pour […]
Il aura donc fallu plus d’un an pour que Baise-moi le film, sorte de son purgatoire et réapparaisse dans les salles, assorti d’une juste interdiction aux moins de 18 ans, réhabilitée pour l’occasion. Après les levés de boucliers prêchi-prêcha, et les pétitions de soutien, reste un film qui a été privé de sortie, refoulé pour de mauvaises raisons. Ni film porno, ni film bête et méchant d’incitation à la violence, ni grand film, Baise-moi est un bon petit film de genre, fidèle au bouquin, un film de décharge pure, de défoulement, étuvé à la brutalité banale et quotidienne du RMI et de la dope.
Baise-moi est aussi direct que son titre, Despentes écrivain ou réalisatrice ne raccole pas, elle balance la sauce et prenne qui voudra, loin de la manipulation perverse d’Oliver Stone dans Tueurs nés.
Nous ne sommes ici ni dans la théorisation ni dans la réflexion, mais dans un présent condamné. Le corps, le sexe, l’identité ne sont plus vécus en tant que sujets d’interrogation ou souffrance (comme chez Breillat), ils sont assumés comme objets de marchandises, vendus, échangés, violés en toute impunité. Le jeu ici étant d’en tirer pour une et dernière fois le maximum de jouissance. Tout se consomme et se digère sous la bannière désespérante du « tout se vaut et s’annule », une mousse, un pétard, une queue. De là, l’acte sexuel filmé indifféremment des autres actes accomplies par Nadine et Manu. Unies par un milieu social pourri, par une volonté féroce de satisfaction immédiate de leurs plaisirs, par les 3 B : la beuh, la bière et la baise, elles vont opérer une prise de pouvoir sauvage pour s’offrir un dernier tour de piste sanglant. Dotées de leurs culs, cons, seins et flingues, elles vont prendre d’assaut villes, villas, chambres d’hôtels, boîtes à partouzes ringardes, et décalotter, bousiller tout ce qui bouge ou les empêche d’atteindre leur point terminal. Pas de romance ni de sentiments, plus de tabous, d’interdits ou de culpabilité. Baise-moi est un film-combustion de l’instant présent.
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