Un thriller asphyxié par un scénario mécanique, sauvé in extremis par une bouffée d’air finale poétique.
En 2006, le jour de l’exécution de Saddam Hussein, une jeune femme pénètre dans la gare centrale de Baghdad pour réaliser un attentat suicide. Baghdad Station prend d’abord les traits du prototype du “film de scénario” qui déroule méthodiquement, studieusement son programme ne laissant que très peu d’espace à l’image et à ses comédiens pour exister. Tout, ou presque, est au service de la mécanique d’un récit de suspense mi-choral mi-première personne dont on perçoit vite les artifices (chaque protagoniste mis en place n’étant qu’un rouage utilisé pour faire avancer ou contraindre l’engrenage du récit). Difficile alors pour les comédiens d’offrir à leur personnage une quelconque incarnation, pour la caméra qui les filme d’y trouver une quelconque personnalité, pour son spectateur d’y éprouver une quelconque émotion.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Et puis, après une heure, comme tombée en panne après une surchauffe, la machine essoufflée rend l’âme. Le film fugue de son balisage et se laisse pirater par les lueurs d’un songe. Et s’il y avait un dernier espoir ? C’est lors de cette mise à nu inattendue et naïve que le film s’éclaire et respire enfin pour quelques courtes minutes, préférant scruter les pétillements d’un feu d’artifice à la déflagration d’une bombe, le réveil à la mort, le miracle à la catastrophe.
Baghdad Station de Mohamed Al Daradji (Ira., Bri., Fr., 2017, 1 h 22)
{"type":"Banniere-Basse"}