Dans la chaleur d’un été alsacien, portrait d’une jeune fille en convalescence amoureuse. Un premier film très touchant.
C’est l’été, il fait très chaud. Ana est une très jolie jeune femme, pleine d’allant, mais elle boude parfois comme une enfant qui s’ennuie. Elle se balade toujours en short trop large et en marcel, ses cheveux courts n’ont pas de coiffure, tout le monde le lui dit et elle s’en fiche. Une grande gigasse sympathique.
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Quand le film commence, Ana se fait engueuler comme du poisson pourri par un régisseur de cinéma parce qu’elle s’est encore perdue entre Bruxelles et le lieu de tournage (elle est le chauffeur de la star féminine). Le lendemain, elle retourne chez elle, à Strasbourg, avec la voiture louée par la production, dont elle a l’intention de se servir encore un peu…
Elle retrouve son ancien copain (Swann Arlaud), qui est musicien, et avec lequel elle entretient une relation d’amour-amitié (ils se sautent un peu dessus, rigolent beaucoup, surtout). Elle s’occupe de sa grand-mère (la merveilleuse Claude Gensac, oui, qui jouait tout le temps la femme de Louis de Funès quand elle était jeune), qui est drôle mais fragile.
Les filles, parfois, aiment les bad boys
Quand cette dernière doit être hospitalisée, Ana décide sur un coup de tête de refaire entièrement sa salle de bains. Ana est volontaire, têtue, n’a pas peur des garçons (elle a un frère), entraîne dans ses projets fumeux un employé de magasin de bricolage (Lazare Gousseau) et un poseur de carreaux de piscine (Driss Ramdi).
Mais ce que l’on va aussi apprendre, c’est qu’elle a eu un amant qui l’a détruite, le beau Boris (Olivier Chantreau), un de ces bruns ténébreux qui font souffrir les filles parce qu’ils se prennent pour des poètes et qu’elles, les filles, parfois, aiment les bad boys, et Ana va replonger, au grand dam de sa mère (Zabou Breitman).
Un autre goût, un autre parfum
Baden Baden, c’est la ville d’eau luxueuse qui se trouve pas très loin de l’autre côté de la frontière et qui incarne peut-être un rêve perdu. Ana, au lieu de chercher du travail, procrastine, erre sur la crête de la vie, entre deux pays, flottante. Et le premier long métrage de Rachel Lang (joli nom pour une cinéaste) est un bien beau film, plein de vie, d’entrain, de burlesque, d’humour malgré la tristesse naturaliste du monde, avec des beaux personnages qui s’aiment et se détestent dans la chaleur de l’été alsacien.
Ce genre de film, on le voit souvent se dérouler à Paris, et le seul fait qu’il se passe en province lui donne un autre goût, un autre parfum. Baden Baden, c’est aussi une vraie découverte, celle d’une actrice, Salomé Richard (Ana), qui n’a peur de rien avec ses yeux revolver, pas même de s’habiller comme un sac. Suprême orgueil de la jeunesse.
Baden Baden de Rachel Lang (Fr., Belg., 2016, 1 h 36)
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