Un western sous acide pour dire sa colère et combattre la montée du fascisme au Brésil. Impressionnant.
Entre la sortie du précédent film de Kleber Mendonça Filho (Aquarius, en 2016, en pleine destitution de Dilma Rousseff, dont le cinéaste avait pris le parti lors d’un happening sur les marches) et celui-ci, un événement de taille s’est produit : l’élection d’un président fasciste à la tête du Brésil.
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https://youtu.be/gvl4bCNEpEc
Aquarius était un film de colère rentrée, qui attendait ses tout derniers plans pour laisser exploser sa rage, symbolisée par du bois infesté de termites, renversé sur le bureau d’un promoteur immobilier tout aussi véreux que les poutres. Bacurau prolonge ce geste, mais cette fois-ci la colère est immédiate, manifeste, sans entrave. Plus le temps de tergiverser, il faut combattre.
Un film impressionniste autant qu’expressionniste
L’ennemi est tôt identifié : un préfet en campagne qui a décidé de rayer littéralement un village récalcitrant de la carte, et qui pour ce faire a engagé de sanguinaires mercenaires américains (menés par le méphistophélique Udo Kier).
Ses motivations demeurent hélas trop floues (quelques précisions n’auraient pas été superflues) et le commando est assez caricatural, mais qu’importe : Bacurau est un film impressionniste autant qu’expressionniste, un western sous acide où les plans se dessinent au couteau, où la sensation compte davantage que la raison.
Un peu comme si Glauber Rocha avait mêlé sa furie marxiste à celle, nihiliste, d’un Sam Peckinpah, le tout revisité par Tarantino (et ses samplings vintage), avec un zeste de Carpenter (pour le côté film de siège, ainsi que pour la musique, un des morceaux du master of horror himself, l’entêtant Night, recouvrant une séquence). Às Armas.
Bacurau de Kleber Mendonça Filho avec Barbara Colen, Sônia Braga, Udo Kier (Brésil, France, 2019, 2h12)
Sélection officielle, en compétition, sortie le 25 septembre
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