Baby Cart

LES FILMS : Ces deux coffrets reprennent l’intégrale de la première série Baby Cart, c’est-à-dire six films sortis au Japon entre 1972 et 1974, adaptés du gargantuesque manga Lone Wolf & Cub, dû à Kazuo Koike (par ailleurs scénariste des cinq premiers films de la série) et Goseki Kojima. L’histoire des six films tient en peu de mots : Itto Ogami, un samouraï déchu, devenu assassin impitoyable, parcourt le Japon en compagnie de son fils, un bambin d’à peine quelques années. Sur son chemin, il rencontre nombre de personnages aussi azimutés que lui, qu’il combat et massacre tel un démon jamais repenti. La beauté des films, tous d’une égale valeur, tient dans le contraste permanent entre un regard très contemplatif et des accès de violence délirante. Le personnage principal oscille ainsi en permanence entre la torpeur et la furie, la méditation et l’explosion sanglante. Interprété par l’excellent Tomisaburo Wakayama, physique imposant et regard anesthésiant, Itto Ogami navigue toujours entre deux eaux, se forgeant, au fil des films, une morale singulière qui dépasse les simples clivages entre bien et mal, raison et démesure, lucidité et folie. Le premier film, Le Sabre de la vengeance, installe le décor. Les deux suivants, L’Enfant-massacre et Baby Cart dans la terre de l’ombre, développent davantage les personnages et lorgnent vers un croisement entre le chambara, film de sabre japonais, et le western-spaghetti. Les films se font ensuite plus délirants, de plus en plus violents, jusqu’au paroxysme du Paradis blanc de l’enfer, dans lequel Itto Ogami pourfend, en une scène anthologique, à la chorégraphie haletante, dix fois plus d’adversaires qu’Uma Thurman dans l’ensemble de Kill Bill ­ Volume 1. D’autres films, et une série télévisée, ont été développés, jusque dans les années 90, autour de Baby Cart.
LES DVD : Les copies des six films sont somptueuses. Chaque film bénéficie d’un préambule court mais complet, rappelant le contexte de chaque volet et soulignant bien leurs différences et l’évolution de la série. Hormis cela, peu de bonus, sinon quelques bandes-annonces d’époque, et de très instructives notes de pochettes.
Joseph Ghosn

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