BABY BOY FRANKIE (Blast of Silence)
d’Allen Baron avec lui-même, Molly McCarthy
(E.
-U., 1961, 1h16) (MK2, environ 21€)
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Un chaînon manquant du film noir des années 60,
superbe et déchirant, dans lequel la ville de NewYork
est montrée magnifiquement.
LE FILM Un film fauché ressurgit
du passé sans prévenir (seul Martin
Scorsese semblait s’en souvenir),
sorti en France pour la première
fois il y a seulement quelques mois.
Baby Boy Frankie est un film en noir
et blanc, noir et blanc : noir comme
le genre du film noir et comme
la mort, blanc comme la neige et silence qui suit
un coup de feu qui a tué. L’histoire qu’il raconte
n’a guère d’intérêt en elle-même, puisqu’elle recycle
les figures habituelles du genre (le dernier contrat
d’un tueur qui veut se retirer, la traque sans merci
de la victime, le malaise qui grandit chez le tueur,
l’affaire qui tourne mal, l’amour sans retour)
et même ses conventions cinématographiques
(la voix off). Mais Allen Baron, qui fera ensuite
carrière comme réalisateur de séries télé (on
lui doit notamment dix épisodes de Drôles
de dames), filme surtout New York en hiver comme
personne, ses rues désertes et fantomatiques, le
brouillard qui fond tout, phares, néons et flocons,
dans un même grand blanc, le vent qui va emporter
les vies dans le souffle d’une arme, la boue
existentielle dans laquelle le héros s’est peu à peu
englué, bref, une nature qui reflète la déchéance
psychologique de son héros et annonce son trépas
inévitable. C’est absolument superbe, triste et
déchirant comme un solo de Charlie Parker.
LE DVD Dans un beau documentaire d’une heure,
Requiem for a Killer: The Making of Blast Silence,
tourné en 1990, Allen Barron retourne sur les lieux
où il a tourné son film trente ans plus tôt.
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