Sous le soleil des Açores, des ados apprivoisent leur identité et leur fragilité… Une réussite à la beauté étonnante.
Raconter, comme au cœur d’un poème, la tourmente d’une identité dans un lieu qui écrase l’individualité et la liberté d’expression de genre, c’est l’entreprise aussi ensorcelante que remarquablement réussie de Loup & Chien.
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Pour son premier long métrage de fiction, la Portugaise Cláudia Varejão signe un film insulaire d’une grande beauté formelle qui rebat les cartes du teen movie pour mieux célébrer la fluidité sexuelle et de genre.
Portrait croisé de trois adolescent·es et de leur passage à l’âge adulte, le récit décrit la difficulté de vivre avec une identité queer dans certains espaces, que ce soit en raison des idées réactionnaires ou par le caractère insulaire d’un territoire, qui soumet les corps à l’enfermement. Sans en atténuer la charge politique ni sa colère, la réalisatrice subvertit toutefois ce constat violent et inégalitaire en un tableau doux et contemplatif, qui retranscrit avec merveille la chaleur de l’été et sa brièveté enveloppante.
“C’est un privilège d’être fragile”
Tournée sur l’île de São Miguel dans les Açores, l’œuvre atteint des sommets de vibrations plastiques lorsqu’elle entremêle la beauté étonnante de l’espace aux tons exubérants et flashy des fêtes de la communauté queer locale.
Autant par la trajectoire de ces héros·oïnes que par la fabrication du film en lui-même, c’est l’idée de fragilité et de courage que Loup & Chien repense et redéfinit. C’est d’ailleurs ce que rappelle le philosophe et écrivain queer Paul B. Preciado, cité le temps d’une phrase : “C’est un privilège d’être fragile, car c’est par la fragilité que la révolution œuvre.”
Loup & Chien de Cláudia Varejão, avec Ana Cabral, Ruben Pimenta (Por., Fr., 2022, 1 h 51). En salle le 12 avril.
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