Malgré un regard historique saisissant d’actualité sur les Etats-Unis, le film reste trop simpliste dans son analyse.
De la découverte horrifiée du terrorisme moderne et blockbusterisé (le 11 Septembre dans Vol 93, 2005, l’attaque terroriste en Norvège dans Un 22 juillet, 2018) aux guerres extérieures (le conflit irakien dans Green Zone, 2010, la piraterie somalienne dans Capitaine Phillips, 2013) et intérieures (la saga Jason Bourne), Paul Greengrass aura saisi le pouls du jeune siècle avec une ardeur qui lui est propre.
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https://youtu.be/Rk4rXmgbxZM
Un film de reconstruction et de reconquête
Après deux décennies à filmer des récits qui ont en commun le lent délitement des démocraties occidentales, La Mission délaisse la grammaire formelle nerveuse de ses précédents films (caméra au poing, effets de réel) et marque un repli de son auteur vers les valeurs pionnières du mythe américain : le western, genre primitif de son cinéma, et Tom Hanks, visage détenteur d’une certaine idée fondatrice de la nation.
Plus qu’une rupture, La Mission est un film de reconstruction, de reconquête. Ce sont aussi les premières nouvelles qui nous parviennent de l’Amérique de Biden.
Nous sommes au lendemain de la guerre de Sécession dans un pays plus que jamais polarisé en deux camps. Un ancien journaliste vagabonde de ville en ville sudistes pour y lire la presse locale aux différent·es habitant·es.
Les journalistes, héros·ïnes providentiel·les
En prenant pour protagoniste un tel personnage, le film poursuit cette veine entamée par Hollywood depuis quelques années, consistant à faire d’un individu issu du monde de la presse le·la héros·oïne providentiel·le (Spotlight, Scandale). Trois ans après son rôle dans Pentagon Papers, Tom Hanks devient par la même occasion son plus vibrant ambassadeur.
L’élaboration d’un récit en commun censé réunir et rassembler la nation
Contrairement aux films précédents, ce n’est pas la vérité qui semble être la quête ultime du personnage, mais plutôt l’élaboration d’un récit en commun censé réunir et rassembler la nation. C’est de cette manière que pourra renaître une Amérique unifiée, murmure le film.
Ce qu’il oublie ou néglige un peu naïvement, c’est que pour constituer un récit en commun, encore faut-il que l’auditoire soit complet. Or une moitié de l’Amérique a déjà quitté la salle.
La Mission de Paul Greengrass, avec Tom Hanks, Helena Zengel, Elizabeth Marvel (E.-U., 2020, 1h59). Sur Netflix
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