Et si le premier long métrage de la réalisatrice espagnole Elena López Riera était en bonne route pour remporter la Caméra d’or ?
El Agua est fait d’eau et de feu. Il étreint dans un même mouvement, tout en hybridité des genres et des éléments, l’incandescence de l’adolescence associée à une quête plus brumeuse qui convoque un folklore et un mysticisme féminin et féministe. Pour son premier long métrage, Elena López Riera reste fidèle à cette attachante et vieille coutume qui consiste à joindre aux pas d’un·e cinéaste en pleine réalisation et confirmation, ceux de son héros/héroïne, acteur/actrice, et qui sait alter ego. Ici, Luna Pamies, jeune visage inconnu et magnétique.
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Dans un village du sud-est de l’Espagne, elle connaît, comme la plupart des gens de son âge, la léthargie des chaudes après-midi d’été, le beau désœuvrement de ces heures éternelles. Elle rencontre un garçon et un premier baiser est échangé dans un champ de palmiers desséchés semblable à un royaume aride. C’est pourtant la menace d’une violente tempête ainsi que d’ancestrales histoires de femmes maudites, celles dont seules les grands-mères ont le secret, emportées par les eaux montantes du fleuve, qui hantent cette tranquille chronique adolescente et familiale et donnent un horizon apocalyptique au film.
El Agua fait l’effet d’un courant d’eau à la fois intranquille et enveloppant, naviguant autour de sa fiction comme de sa part documentaire où des femmes face caméra racontent cette histoire de malédiction qui fait émerger la généalogie d’un féminin vécu comme une punition. En remontant à ces vieilles mythologies des sorcières bannies, El Agua et son héroïne les embrassent comme de belles amies. Les sorcières triomphent, la malédiction devient don.
El Agua d’Elena López Riera. Avec Luma Pamies, Barbara Lennie, Nieve de Medina, Alberto Olmo…
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