Le premier long métrage de Maryam Goormaghtigh faisait l’ouverture de l’ACID. La cinéaste livre un très beau film de bande et de contrebande, entre documentaire et fiction.
Trois amis iraniens dans un Renault Espace sillonnent le sud de la France pour trouver une copine à l’un d’entre eux, et lui donner ainsi une bonne raison de ne pas rentrer au pays. Une quatrième personne est avec eux dans la voiture, mais on ne le verra pas : elle s’appelle Maryam Goormaghtigh, elle a 35 ans, des origines perses, des nationalités à la pelle (France, Belgique, Suisse…), un regard en or et elle a réalisé avec ses copains un parfait film buissonnier qu’elle partage en ouverture de l’ACID. Un film de bande, donc, mais aussi de contrebande, où il s’agit d’infiltrer la cathédrale du Cinéma d’Auteur, son esprit de sérieux, sa noirceur obligée, son goût pour les grands sujets et la grande forme, pour y en repeindre les murs en bleu et jaune pastel. Le récit avance cahin-caha, au gré des pérégrinations aléatoires de ses trois trentenaires tardifs, tenaillés entre la mélancolie et la joie provoquées par l’exil.
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Un film qui abolit les frontières
De temps en temps, ils s’allongent dans l’herbe, discutent de tout et de rien (mais surtout de rien) ; parfois ils prennent en stop d’irrésistibles rockeuses en micro-tournée. Seuls l’envie et le hasard guident leur errance. S’il restait de la place dans cette bagnole en goguette, on y verrait bien Jacques Rozier au volant, Miguel Gomes faisant des blagues à l’arrière, et Albert Serra dans le coffre, avec son Sancho Panza ventru et moustachu. On est ainsi un peu en France, un peu en Iran, un peu au Portugal, un peu en Catalogne — et sans doute dans plein d’autres endroits qu’on oublie —, et en même temps on est ailleurs. Documentaire, fiction, les frontières se brouillent. Toutes les frontières : Avant la fin de l’été est un film sans nationalité, sans point de départ et sans destination. Un film sans carte routière, sans carte d’identité. Un pur trajet pour conjurer l’hiver.
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