Un documentaire accompagnant le DVD du « Jour et la nuit » de Bernard-Henri Lévy tente de démontrer que le réalisateur est victime d’une cabale de la critique française, et que son film est un chef-d’œuvre.
Les éditions Makam sortent une édition “collector” du « Jour et la Nuit », le film de fiction réalisé par Bernard-Henri Lévy en 1997. Disons-le sans agressivité : tout amateur de cinéma peut continuer à constater l’étendue du désastre du simple point de vue de la fabrication : pas de cadre, pas de direction d’acteurs (Delon-Dombasle), un montage à la truelle, un enfilage de clichés sur la mort, la création, le Mexique et les montgolfières. Aucun intérêt.
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Alors peu importe que le film ait été hué au Festival de Berlin par la presse internationale, qu’il ait été un échec à sa sortie, que B.-H. Lévy ait tenté de le survendre avec l’aide de son réseau de chefs de presse, et que le même B.-H. Lévy se soit cassé la figure en tentant de sauter par-dessus la critique (en ne lui montrant pas le film). Avec le recul, on peut juste dire qu’un réalisateur a raté un film. Mais des films ratés, nous en voyons tous les jours. On pensait donc l’affaire classée.
Or voici que le film sort en DVD accompagné d’un documentaire pompeux, réalisé et produit par les éditeurs du DVD, Caroline Mathieu et Thierry Humbert. Autopsie d’un massacre tend à démontrer, témoignages à l’appui (souvent gênés), que B.-H. Lévy fut victime d’une cabale de la critique française, surexcitée à l’idée de démonter non pas son film, mais BHL.
Et jaillit ainsi, par hasard, l’idée saugrenue que ce navet serait non seulement un chef-d’oeuvre en avance sur son temps, mais aussi un “film culte” – c’est l’inénarrable Yann Moix qui se gargarise de ce terme abusif, l’appliquant au passage à sa choucroute Cinéman, elle-même encensée par B.-H. Lévy en son temps…
A ce bal de tartuffes, d’imbéciles et de conjurés, on ne sait plus trop quoi répondre. Sinon rappeler qu’être l’objet d’un culte, pour un film, ne le préserve en rien de sa médiocrité (The Rocky Horror Picture Show ou les films d’Ed Wood sont aussi des films cultes).
Jean-Baptiste Morain
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