Ces nouvelles aventures d’Austin Powers, agent secret britannique érotomane lancé à la poursuite de jolies filles pas farouches et de son diabolique ennemi, le Dr Denfer, possèdent un formidable atout devant un autre adversaire de taille, une certaine menace fantôme : l’humour volontaire. Le premier Austin Powers, qui parvenait à être à la fois hilarant […]
Ces nouvelles aventures d’Austin Powers, agent secret britannique érotomane lancé à la poursuite de jolies filles pas farouches et de son diabolique ennemi, le Dr Denfer, possèdent un formidable atout devant un autre adversaire de taille, une certaine menace fantôme : l’humour volontaire. Le premier Austin Powers, qui parvenait à être à la fois hilarant et mollasson, restituait bien le flegme de ses modèles (les comédies d’espionnage des années 60) et abusait du principe de répétition de gags au-delà du bon et du mauvais goût, et parfois même au-delà de l’humour. Le second opus, bien que plus élaboré, continue sur cette lancée et épuise une bonne fois pour toutes la veine nostalgique du revival sixties, citant à tour de bras 99 % de la production cinématographique pop (Danger, Diabolik ! de Mario Bava, les James Bond, Modesty Blaise, Flint…). Comme de coutume, cette suite pratique sans états d’âme la politique de la surenchère. Et le caractère approximatif du premier film a été gommé au profit d’une efficacité qui vous épuise très vite les zygomatiques. Austin Powers : l’espion qui m’a tirée est deux fois plus drôle que l’original, deux fois plus sexy, deux fois plus sale. Au rayon des bons points, le méchant Dr Denfer a volé la vedette à Austin Powers, emmêlé dans des histoires de mojo perdu (autrement dit de libido défaillante), et se taille la part du lion en compagnie d’un double au 1/8ème, Mini-moi, interprété par un cascadeur nain assez traumatisant (il mord). Il y a dans l’outrance et la grossièreté des gags quelque chose de réjouissant, comme un retour programmé à l’humour pachydermique, référentiel et scato qui fit autrefois le succès de Mel Brooks… et des sexy comédies italiennes. Heather Graham, qui succède à Liz Hurley, est une excellente raison d’aller voir le film. En revanche, déception musicale : la BO racole beaucoup plus large, avec des choix qui s’éloignent de ceux de l’amateur d’easy-listening au profit de l’artillerie commerciale. Mais pourquoi faire la fine bouche ? S’il reste déconseillé aux personnes allergiques à l’hétéro-beauferie et à Mike Myers, cet Espion qui m’a tirée offre une très agréable et copieuse tranche de rigolade.