Aurélie Saada, moitié du duo Brigitte, réussit avec brio sa première réalisation.
C’est un film qui avance avec assurance, de fêtes en dîners, de banquets en réunions, et qui se ménage, entre chacune de ses gargantuesques scènes de groupe, des moments suspendus, intimes, pour mieux dessiner ses personnages têtus.
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Un personnage en particulier : la Rose éponyme, une presque octogénaire interprétée par la géniale Françoise Fabian, qui devient veuve après dix minutes de film, à l’issue d’un anniversaire qu’elle ignore être le dernier de son patriarche de mari.
Film de réapprentissage
Aurélie Saada, qu’on connaissait jusqu’ici comme moitié du duo Brigitte, réussit son baptême du feu cinématographique, avec ce premier long métrage qu’on pourrait qualifier de film d’apprentissage – ou plutôt de réapprentissage.
Rose Goldberg (aucun lien de parenté avec l’auteur de ces lignes) s’y voit ainsi offrir ici une seconde chance, un nouveau départ, après un dîner qui rallume en elle le désir éteint. Ce dîner, où la Rivetto-Téchinienne Michèle Moretti prête ses traits à Marceline Loridan-Ivens (cinéaste, rescapée des camps, décédée en 2018, et qui a vraiment inspiré ce film-ci), est la meilleure scène de l’ensemble. Saada y sort des clous, se laisse joyeusement déborder par sa matière, et s’épanouit dans un laisser-aller plus maîtrisé qu’il n’y parait.
Françoise Fabian lumineuse
Si son talent de cinéaste s’exprime particulièrement bien dans le bordel organisé des scènes collectives, elle réussit aussi la plupart des tête-à-tête. C’est là que s’affinent les personnages secondaires, qui en quelques traits parviennent à exister, puissamment et hors des clichés.
Grégory Montel (déjà excellent dans la série Dix pour cent) est particulièrement émouvant en fils faussement rigoriste, dont la carapace ne demande qu’à s’écailler. Mais c’est bien sûr Françoise Fabian qui emporte tout sur son passage. Il y a longtemps que l’actrice de Ma nuit chez Maud n’avait pas été ainsi regardée. Elle illumine chaque plan (notamment le dernier, très beau), et donne l’impression, à l’unisson de son personnage, de contenir encore un monde à explorer.
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