Sur le littoral japonais, une comédie de mœurs rohmérienne au manège sentimental charmant.
Dans Conte d’été d’Eric Rohmer (1996), une station balnéaire de Bretagne accueillait sur ses plages et dans ses cafés les allées et venues d’une poignée de jeunes gens. Le mode était celui de la chronique, tranquille et régulière. Ainsi s’écrivait, en l’espace de quelques jours à la belle saison, un petit dictionnaire amoureux. Dans sa façon de reprendre le mode de récit de Rohmer (comme consigné par un greffier, à même le calendrier), Au revoir l’été lui offre un rappel rythmique, une sorte de contre-chant japonais.
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Comme son titre l’indique, le film de Fukada se passe pourtant un peu plus tard dans l’année. On n’y est pas tout à fait en vacances : dans la campagne littorale, certains se contentent de flâner ; d’autres travaillent, mais sans échapper tout à fait aux voluptés de l’ennui (une traductrice esseulée, un employé de love hotel…). Tous prennent part au même manège sentimental fait de repas et de promenades à vélo, jeu amoureux qui ne s’accomplit (presque) jamais pleinement, comme surpris par l’irruption du jour suivant, mais qui toujours se remet à tournoyer comme une boîte à musique.
C’est assez pour déjà ranger Fukada parmi les cousins asiatiques de Rohmer, délicieux fabricants de comédies de mœurs, avec leurs profs de fac un peu cuistres, leurs jeunes filles insaisissables (Hong Sangsoo, bien sûr), etc. Un ingrédient contemporain vient étonnamment se mêler à la recette (le choc de Fukushima, dont l’un des personnages principaux est un réfugié), mais cela ne change au fond que peu la saveur très atemporelle du film : une comédie romantique qui ne se dénoue que si elle rompt la monotonie entêtante du temps (grâce à une nuit blanche inattendue), l’ivresse de l’horloge. Et ainsi la ravissante Sakuko peut-elle, après un beau voyage, repartir enfin chez elle.
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