Crispations américaines : l’éternel retour. Avec Au-delà des lois, John Schlesinger, un cinéaste qui nous avait habitués à mieux (pour mémoire : Loin de la foule déchaînée, Macadam cowboy, Marathon man…), sombre en effet corps et mal dans le réactionnaire extrême. Le genre de film qui laisse un arrière-goût délétère et sur lequel il convient […]
Crispations américaines : l’éternel retour. Avec Au-delà des lois, John Schlesinger, un cinéaste qui nous avait habitués à mieux (pour mémoire : Loin de la foule déchaînée, Macadam cowboy, Marathon man…), sombre en effet corps et mal dans le réactionnaire extrême. Le genre de film qui laisse un arrière-goût délétère et sur lequel il convient de s’arrêter avec une sévère rigueur.
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C’est l’histoire de Karen McCann, une heureuse ménagère américaine qui partage son temps entre un job aimé, ses deux filles et son second mari. Décor : les éternels faubourgs proprets et middle-class de Los Angeles. Hélas, fatalitas, la fille aînée est sauvagement violée puis assassinée par une ignoble créature masculine qui ne répond comme de bien entendu qu’à ses affects tordus. Arrêté quelques semaines plus tard, le vilain garçon est pourtant acquitté pour cause de vice de procédure. Reste à Karen McCann deux solutions : pleurer sur sa vie ruinée ou faire justice elle-même. Karen choisit la solution intermédiaire. Après moult hésitations et bien des accès dépressifs, elle tend finalement un piège au redoutable assassin et parvient à le zigouiller sans fioritures, en position de légitime défense. Sans risque d’essuyer des tracas judiciaires donc.
Avec Au-delà des lois, Schlesinger illustre caricaturalement la catégorie générique du film désagréable. En adoptant constamment le point de vue de l’héroïne et en mettant ainsi le spectateur dans sa poche, la mise en scène n’est pas avare de messages éloquents. Style : les droits des innocents sont trop souvent bafoués. Ou, variante : puisque le système judiciaire fonctionne cahin-caha, pourquoi ne pas se substituer à lui ? Le genre de bon gros sens populaire sur lequel les pires conceptions poujadistes font leur litière. Et qui pose la question à 100 balles : qu’est-il donc arrivé à Schlesinger ?
Du coup, étant entendu que le débat formel n’apparaît plus ici que comme une vulgaire peccadille, on en viendrait presque à réévaluer en retour un film dégoulinant comme La Dernière marche de Tim Robbins, qui avait au moins le mérite de son humanisme ce qui situe à quelles profondeurs plonge Au-delà des lois. Schlesinger n’a pas pondu qu’un mauvais film : il a commis un film idéologiquement grave. D’où cette chronique en légitime défense.
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