Les choses de la vie par Jaoui-Bacri, qui déroulent une nouvelle fois avec bonheur leur petite musique.
Le duo Jaoui-Bacri a parfois mauvaise presse. On leur reproche leur humanisme d’instits soc-dem, leur belle âme un peu trop surlignée, leur univers bourgeois fût-il de gauche, leur pessimisme un peu grisâtre…
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Pas faux, mais n’empêche, on aime bien Jaoui-Bacri, leur précision de dialoguistes, leur humour souvent irrésistible, l’ampleur du nuancier sérieux-comique avec lequel ils essaient de dépeindre nos existences (Molière en figure tutélaire ?) et leur jeu d’acteur aussi millimétré que leurs répliques.
Ils ont un savoir-faire, une griffe unique dans notre cinéma, quelque part entre Claude Sautet en plus comique et Woody Allen en plus français, qui ont déjà fait merveille dans Smoking/No Smoking, On connaît la chanson ou Le Goût des autres.
Non, ils ne sont pas radicaux, oui, ils sont populaires, mais on préfère mille fois leur façon digne de faire des entrées aux mauvais coups de casting façon Les Seigneurs ou à l’humour sociologique-troupier d’Onteniente.
Dans ce film choral impeccablement rythmé, ils livrent une nouvelle tranche des choses de la vie, sous les auspices du conte et de toutes les formes de croyance (en Dieu, soi, l’autre, le prince charmant, le père Noël…).
Autour de Jaoui et Bacri s’ébrouent de talentueux nouveaux venus dans leur cercle : Agathe Bonitzer, plus belle et plus assurée à chaque film ; Arthur Dupont, affublé ici d’un drolatique bégaiement ; Benjamin Biolay, qui fait parfaitement le grand méchant loup, ou encore la formidable Dominique Valadié, pointure des planches pas assez souvent vue au cinéma.
Le couple vedette est lui aussi en forme, Bacri déroulant son numéro de bougon dépressif dans la peau d’un prof d’auto-école athée qui se met à flipper en raison de la prédiction de la date de sa mort par une amie pseudo-médium.
Au bout du compte, on ne trouvera rien de très novateur dans ce “Marianne, Pierre, Laura et les autres”, pas plus sur le plan du cinéma que sur celui de la construction dramaturgique. Jaoui et Bacri ne sont pas des formalistes révolutionnaires mais des artisans qui remettent toujours leur ouvrage sur le métier, peaufinant leur maîtrise du masque et de la plume.
Comme avec Sautet ou Woody, on ne va pas voir leurs films pour assister à une révolution esthétique copernicienne mais pour le plaisir de la reconnaissance du même, épicé de petites variations. Ce contrat-là, Au bout du conte l’honore parfaitement.
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