“C’est un regard humoristique sur le désespoir existentiel de l’acteur”, déclare Kenneth Branagh. Il fait bien de le dire, on s’attendait à une méditation transcendantale sur la beauté du début du mois de février. Michael Maloney, brave comédien aux cheveux romantiques, est désemparé par son chômage. Il confie ses tourments à son agent, Joan Collins, […]
« C’est un regard humoristique sur le désespoir existentiel de l’acteur », déclare Kenneth Branagh. Il fait bien de le dire, on s’attendait à une méditation transcendantale sur la beauté du début du mois de février. Michael Maloney, brave comédien aux cheveux romantiques, est désemparé par son chômage. Il confie ses tourments à son agent, Joan Collins, dinde rutilante qui a atterri dans ce film parce que, dit-elle, « j’ai toujours pensé que Ken était un merveilleux réalisateur. Je suis allée à la première de Frankenstein, je me suis présentée et il m’a crié : Mais Robert, qu’est-ce que tu fais là avec ton maquillage de monstre ! Le film est fini, tu peux aller te démaquiller. » Donc Joan, avec son visage tartiné de pâté de foie, soutient le moral de Michael qui boude. Elle lui prête même de l’argent pour monter une obscure pièce arabe, Hâmlett, du cheikh Spier… Michael se donne le rôle de l’omelette puis engage quelques hurluberlus comme comparses. En particulier Nick Farrell, un new-age/écolo qui se prend pour une mouette ; Julia Sawalha, choisie pour son interprétation très physique d’une chanson style Madonna ; et John Sessions, qui fait très pédéraste en reine Gertrude.
Bref, Michael cornaque les six cabotins élus dans un village nommé Hope c’est bien connu, l’Espoir fait vivre. Une costumière/décoratrice, dont le nom, Fadge, fait bidonner nos branquignols pendant dix bonnes minutes, se joint à eux. Follement extravagante, elle fait redoubler leur hilarité en accordant à certains le privilège de l’appeler Fah… Et c’est dans une église désaffectée que notre petite troupe va répéter, fumer, manger, boire, dormir, puis finalement interpréter la pièce devant une trentaine de spectateurs (dont une bonne moitié est factice car Fadge a eu le génie d’installer des silhouettes en carton aux places vides). Quoi, dans une église ! Là je m’insurge, moi qui ai été élevé dans le respect de la religion, mis au piquet par les Frères des écoles chrétiennes, qui ai enchaîné baptême, confirmation, première communion et communion solennelle. Il y a de quoi sortir de ses gonds devant une telle profanation ! Mais bon, on m’a prié de modérer mes griefs à l’endroit de ce brûlot anticlérical. Et il faut bien vivre… Donc, pendant les répétitions, chacun fait son petit caprice ; c’est un beau mais dur métier. Puis Michael, à court d’argent, veut tout laisser tomber, alors il pleurniche un peu (quel hypocrite !), mais the show must go on et les comédiens sont une grande famille… Ils vont jusqu’à lui donner de l’argent pour qu’il puisse aller jusqu’au bout. Mais patatras ! la veille de la première, une productrice d’Hollywood fait un pont d’or à Michael, qui doit quitter la troupe. On tremble d’inquiétude, mais après un affreux suspense, il décline l’offre, ouf ! Nick Farrell ira à Hollywood à sa place. Youpi ! Une preuve que ce n’est pas une histoire autobiographique puisque dans la vie, Branagh a préféré faire « beaucoup de bruit pour rien » à Hollywood.
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