À mi-chemin entre comédie noire et thriller, un théâtre de l’absurde dépouillé à l’extrême sur une prise d’otage d’une école au Kazakhstan.
Des terroristes masqués et dont on ne connaîtra jamais le visage, prennent le contrôle d’une école dans une région reculée du Kazakhstan, tuant des étudiant·es et retenant les autres en otage.
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Après un prologue qui désensibilise immédiatement son·sa spectateur·ice au bain de sang qui se déroule devant ses yeux, le film se recentre petit à petit sur l’équipe hétéroclite formée par plusieurs membres du personnel de l’école (l’ex-femme du professeur de mathématiques, le directeur, le chef de la police, l’idiot du village et l’ivrogne de la ville, qui prétend avoir participer au conflit en d’Afghanistan) qui vont devoir mener eux-mêmes un raid pour mettre fin à la prise d’otage.
Terrorisme sans visage
Thriller réduit à l’essentiel, Assaut reprend le patronyme du célèbre Assault on Precinct 13 de John Carpenter qu’il ampute de toute dimension géographique précise. Comme souvent chez Yerzhanov, l’intrigue et l’espace sont davantage utilisés pour leur charge symbolique et métaphorique, accentuant un peu plus la fonction d’un cinéma en forme de théâtre anthropologique à ciel ouvert. De la même manière, le film décide de n’attribuer ni raison, ni psychologie, ni même visage aux terroristes responsables de l’attaque. Un vide impossible à remplir et qui rend le geste d’autant plus effrayant qu’il est mû par la seule conviction de semer la terreur.
Puisant très probablement son inspiration dans le traumatisme de la prise d’otage de l’école de Beslan en 2004, qui s’était achevé par un bain de sang, le réalisateur de La Tendre Indifférence du monde et A Dark Dark Man en propose une réécriture en forme de théâtre de l’absurde. Quelque part entre P’tit Quinquin de Bruno Dumont et Fargo des frères Coen, le film met au travail deux lignes de forces opposées : la composition millimétrée des cadrages parasitée par le dérèglement burlesque des situations. Moins ricanant et poseur, privilégiant ses personnages à la solennité formelle écrasante de ses précédents travaux, le film emporte par sa bizarrerie entre rire et effroi, jusqu’à une ultime image terrifiante sur la résurgence du mal.
Assaut d’Adilkhan Yerzhanov, en salle le 12 juillet.
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