Un film sur la violence et sa représentation qui, s’il dénonce l’omnipotence de la télévision, évite les simplifications.
ASSASSIN(S)
de Mathieu Kassovitz, avec lui-même, Michel Serrault, Mehdi Benoufa (1997, F, 130 mn)
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Un vieux tueur à gages (Serrault) espère faire d’un jeune traîne-lattes (Kassovitz) son successeur. Devant le peu de compétence démontrée par l’apprenti, l’ancien trouvera un plus talentueux disciple en la personne d’un adolescent à la dérive, pur produit de la banlieue parisienne. Résumé ainsi, le film de Kassovitz pourrait être n’importe quoi.
Il est en fait furieusement atypique, étrange, imparfait mais irréductible à tout catalogage hâtif. Assassin(s) se coltine un sujet maousse : celui de la violence et de sa représentation et, au-delà, celui d’une certaine banalité du mal. Les personnages vivent effectivement dans une absence de vision morale de leurs actes. Baignant perpétuellement dans l’environnement de la télévision, ses sitcoms minables et ses jeux atroces, écoles de l’humiliation et de la bêtise, le film semble tenir pour valide l’hypothèse d’une déréalisation généralisée due à l’omnipotence du tube cathodique.
Mais son intérêt est ailleurs. Dans la façon dont il alterne scènes d’apprentissage de l’ignoble et zapping subliminal visuel et sonore, lenteur minutieuse et trip hallucinatoire. Assassin (s) touche ainsi du doigt l’expression très directe d’un nihilisme contemporain, rendu tangible par la façon dont les médias et la publicité ont remplacé toute vision eschatologique par la simple réaction aux stimulis les plus primaires.
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