On dirait un conte russe : onze ravissantes jeunes filles partent de leur pays pour échapper à la misère, sous la houlette d’une femme d’expérience, à la fois vampire et mère poule. Mais si l’on rajoute que le mari d’une des jeunes filles, qui vont monter un spectacle de cabaret en France, se lance à […]
On dirait un conte russe : onze ravissantes jeunes filles partent de leur pays pour échapper à la misère, sous la houlette d’une femme d’expérience, à la fois vampire et mère poule. Mais si l’on rajoute que le mari d’une des jeunes filles, qui vont monter un spectacle de cabaret en France, se lance à leur poursuite, persuadé qu’on ne doit pas laisser s’en aller la femme de sa vie, ça commence à ressembler à du Billy Wilder et ça promet d’être drôle. Seulement, on est en Roumanie et la légèreté du sujet se double d’une réflexion sur le trouble d’un pays entre totalitarisme et libéralisme sauvage. Le road-movie, où le picaresque est résumé à des dialogues d’une vacuité assourdissante, n’est que le prétexte à une radiographie pessimiste. Mais cette vision noire de la crise idéologique apparaît à la fois lacunaire et outrée, la fuite étant selon le réalisateur la seule échappatoire dans un monde bordélique. L’unique personnage qui voudrait ne pas accepter cette idée est Andreï, refusant et on le comprend que sa femme Dora veuille quitter son foyer et son emploi de danseuse à l’Opéra pour devenir strip-teaseuse. Il prend beaucoup de coups mais ne renonce pas, accroché à sa femme et à l’idée qu’ils peuvent réussir dans leur pays, ouvrir un garage et vivre heureux. Sa plus farouche opposante est l’organisatrice du spectacle (Charlotte Rampling, qui paraît ennuyée d’avoir à jouer une fois de plus la cynique et vénéneuse femme fatale), protectrice de Dora et de valeurs « modernistes » sur le couple et la séduction. C’est à cette dernière que la plate mise en scène donne l’avantage. Mais Caranfil est aussi soucieux de se fournir une neutralité bon marché en utilisant une autre des filles snobinarde ridicule qui ne veut plus parler roumain tant elle est persuadée de faire carrière. Le discours du réalisateur s’articule de clichés en clichés, poussant la caricature jusqu’à ne voir en la Roumanie qu’un pays de sauvages mais sans cette dose d’humour noir qui faisait l’intelligence du Chêne de Pintilié. Le regard de Caranfil est mièvre et son désir de devenir un piètre auteur franco-français de comédie ne débouche que sur un terrible ennui.
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