Le réalisateur iranien s’est exprimé sur Instagram pour annoncer son refus de représenter l’Iran aux Oscars : en cause, le traitement qu’il subit depuis des années de la part du gouvernement iranien, ainsi que la politique de son pays à l’égard de ses citoyens.
Le nouveau film d’Asghar Farhadi, Un héros, avait reçu en juillet dernier le Grand Prix du Jury au Festival de Cannes. Le réalisateur avait d’ailleurs déclaré lors de la remise de ce prix : “Je suis persuadé que malgré toutes les difficultés et toutes les pressions, ce qui peut permettre de sauver mon pays, de l’améliorer, c’est d’éveiller les consciences.”
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Déjà doublement auréolé d’un oscar du meilleur film étranger pour Une séparation en 2012 et pour Le Client en 2017, Asghar Farhadi fait donc partie des grands favoris pour représenter l’Iran lors de la cérémonie 2022 et rafler une troisième statuette.
Mais lorsque l’Iran a décidé de proposer Un héros pour concourir aux Oscars, le cinéaste a souhaité exprimer sa colère et son indignation dans un long message publié sur les réseaux sociaux, et traduit en intégralité par Vulture : le cinéaste a interpellé le gouvernement iranien en invoquant la grande hypocrisie de ce dernier qui promeut son film dans des compétitions internationales, alors même que le réalisateur se dit la cible de nombreuses attaques personnelles en tant qu’artiste.
“Pendant des années, je suis resté muet, préférant me concentrer sur mon écriture et mes films. Cependant, ce silence a mené certains à croire qu’ils pouvaient dire n’importe quoi à mon sujet, pensant que je ne répondrais pas. Pour être clair : j’en ai assez.”
Le réalisateur attaque ses détracteurs qui le soupçonnent d’être à la fois pour et contre le gouvernement. Une double position que Farhadi réfute : “Comment quiconque pourrait m’associer à un gouvernement dont les médias extrémistes n’ont eu aucun mal à me détruire, me marginaliser et me stigmatiser au fil des ans ?”
Il ajoute que son passeport a été confisqué maintes fois alors qu’il se rendait à l’aéroport, que le gouvernement l’a contraint à passer plusieurs interrogatoires et qu’il a été la cible directe de menaces du type : “Farhadi ferait mieux de ne pas retourner en Iran.”
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Un message politique fort
Son message devient plus politique encore lorsqu’il reproche au gouvernement sa réponse désastreuse aux protestations en décembre 2019 sur la hausse des prix de l’essence, sa gestion terrible du Covid-19 en interdisant les vaccins importés des États-Unis, ainsi que le tragique sort réservé au Boeing ukrainien, abattu en janvier 2021 par l’armée iranienne, causant la mort de 176 personnes.
Farhadi conclut son message en indiquant que “cela ne [lui] pose aucun problème que [le gouvernement] se rétracte de sa décision” de faire concourir Un héros pour les Oscars.
La shortlist des quinze films présélectionnés dans la catégorie meilleur film étranger sera publiée le 21 décembre, et les cinq finalistes seront annoncés le 8 février 2022. Le film de Farhadi sera distribué sur nos écrans le 15 décembre prochain.
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