Entretiens avec Catherine Deneuve et images d’archive rares se mêlent dans Belle et bien là, le documentaire très réussi d’Anne Andreu.
Un éloge sans condition pour la jeunesse et les voyoux”, c’est en ces termes qu’Arnaud Desplechin décrit La Sirène du Mississippi, le bouleversant roadmovie amoureux signé François Truffaut qui ouvre la soirée qu’Arte consacre à Catherine Deneuve.
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Après La Sirène…, la soirée se poursuit avec Belle et bien là, un documentaire d’Anne Andreu qui redéroule le parcours artistique de la comédienne, parcours d’une rare plénitude marqué par des rencontres avec des cinéastes décisifs.
Le film s’organise en séquences autour de quelques figures. D’abord, la soeur disparue, Françoise Dorléac (à laquelle Anne Andreu a déjà consacré un film, Elle s’appelait Françoise, en 1996). Sur le tournage des Demoiselles de Rochefort, nous voyons les deux soeurs rire comme des enfants, se balancer des vacheries affectueuses.
Françoise raconte qu’elle fut la première à se lancer dans ce métier. Jusqu’au jour où un réalisateur lui demanda si elle ne connaissait pas une adolescente qui lui ressemblait. La jeune comédienne parla alors de sa petite soeur, qui fit à son tour ses débuts. “Forcée ! On m’a forcée à faire ce métier !” lance Deneuve dans un éclat de rire en embrassant sa soeur. Commentant aujourd’hui ces images de bonheur, elle parle de son attachement pour cette grande soeur célibataire, noceuse, alors qu’elle s’est mariée et est devenue mère si jeune.
Les Demoiselles… leur permettait de vivre une seconde fois leur enfance, de combler ce qui dans leur vie les séparait – les très belles images du making-of restituent cet état de bonheur, juste avant le deuil.
Suit l’évocation d’autres disparus, Saint Laurent, Buñuel, Mastroianni, Truffaut (avec l’exhumation d’émouvantes images du Festival de Cannes en 1985, où tous ses comédiens, de Depardieu à Léaud, de Moreau à Seyrig se retrouvent pour lui rendre hommage).
Et, bien sûr, des vivants prennent la parole et évoquent des souvenirs communs : Téchiné, Jacquot, Depardieu, Desplechin… On pourra, selon ses goûts, regretter certaines impasses. Rien sur le sublime Un flic de Jean-Pierre Melville, ni sur les deux films avec Ferreri, les deux Rappeneau, Ozon, Carax, Ruiz, Oliveira, les américains (Robert Aldrich, Les Prédateurs…).
La digression sur Ça n’arrive qu’aux autres, mélo oublié de Nadine Trintigant, paraît en revanche bien arbitraire, celle sur Francis Girod (Le Bon Plaisir) – compagnon défunt d’Anne Andreu – un peu embarrassante et les retrouvailles avec Régis Wargnier sur les lieux de tournage d’Indochine peu émouvantes.
Dans sa façon de télescoper de longs entretiens réalisés aujourd’hui (sur le temps qui passe, le travail, la mise en scène, les visages…), où l’actrice use avec brio de sa sûreté de jugement et de sa finesse d’analyse, avec des images d’archive peu connues, où se diffracte dans divers états de jeunesse ou de maturité le visage le plus fascinant du monde, le film n’en est pas moins très réussi.
Photo : La Sirène du Mississippi de François Truffaut
La Sirène du Mississippi de François Truffaut, 20h40 ; Belle et bien là d’Anne Andreux, 22 h 40, dimanche 11 avril sur Arte
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