Le charisme ambivalent de Mads Mikkelsen au service d’un film dans lequel le rescapé d’un crash tente de survivre.
Mads Mikkelsen, ce nom est depuis une douzaine d’années associé à un type de rôle bien particulier. Croqueur de chiffres dans Casino Royale (2006), d’hommes dans Le Guerrier silencieux (2009), Michael Kohlhaas (2013) et surtout dans la géniale série Hannibal (2013-2015), et même soupçonné amateur d’enfants dans La Chasse (2012), il condense les deux extrémités du genre humain : d’un côté le raffinement suprême et de l’autre la sauvagerie prédatrice la plus totale. De cette forme de virilité antinomique découle l’enjeu de ses films, à savoir : quand le vernis de civilisation va-t-il céder la place à l’animalité ?
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Arctic, premier film du YouTubeur et réalisateur de publicités brésilien Joe Penna, est dans cette lignée. L’acteur y incarne le seul survivant du crash d’un petit avion de ligne en plein pôle Nord. Le monde le pense mort mais il s’entête chaque jour à effectuer une série de rituels : activer une balise qui permettrait de le localiser et s’assurer une maigre subsistance. Ce Mads versus Wild s’appuie autant sur la cinégénie des paysages polaires que sur le talent d’acteur muet de Mikkelsen. Si le film évite l’écueil de la sur-dramatisation de son intrigue (pas de flash-backs de l’heureuse vie passée) et brille par une forme d’épure (un présent quasiment dépourvu de dialogues), il se révèle finalement un peu creux. Du partage d’un calvaire qu’il propose se dégage une vision du cinéma réduite à un tour de manège à sensations fortes.
Arctic de Joe Penna (Islan, 2018, 1h37)
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