Au Brésil, une femme face aux affairistes immobiliers. Une œuvre élégante et gracieuse sur le passage du temps.
C’est la deuxième fois en quelques semaines, après Everybody Wants Some!! de Richard Linklater, qu’un film débute lors de l’été 1980 et que ses personnages (moustachus pour les garçons) écoutent Another One Bites the Dust de Queen. Mais, contrairement à la chronique d’une fin d’été eighties de Linklater, le film de Kleber Mendonça Filho opère au bout de dix minutes un saut temporel brutal et nous voilà dans le même élégant appartement de bord de plage, mais au milieu des années 2010.
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La séduisante jeune femme de la séquence liminaire est toujours séduisante mais déjà sexagénaire. Le temps a passé, la vie a changé. La ville aussi. L’immeuble rempli de vie du début est devenu un grand bâtiment désolé dont le personnage principal est la dernière habitante. Et face aux requins de l’immobilier qui tentent de l’expulser, l’occupante se lance dans un combat façon David contre Goliath. Goliath, ce ne sont pas seulement ces affairistes mafieux. C’est aussi la vie dans son principe d’entropie permanente, la transformation d’un monde par essence instable.
Beau et mélancolique comme L’Avenir de Mia Hansen-Løve, porté par une éblouissante comédienne (Sonia Braga, star du cinéma brésilien des années 70/80), Aquarius est un des films les plus élégants et gracieux qui soient sur le passage du temps et l’étonnement tranquille de voir que ce grand trou d’air que constitue l’expérience d’une vie approche déjà de la fin.
Aquarius de Kleber Mendonça Filho (Portugal). Avec Sonia Braga, Humberto Carrão, Irandhir Santos. Sélection officielle, en compétition.
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