Après 46 films, Frederick Wiseman présente “Un Couple”, sa deuxième fiction.
Alors que l’on s’attendait à un nouveau projet documentaire, Wiseman surprend avec son deuxième film entièrement fictionnel, qu’il réalise à 92 ans. Dans une interview pour IndieWire le cinéaste explique que l’idée lui est venue durant l’ennui du confinement, empêché qu’il était de filmer la société comme il en a l’habitude. Sur son choix de revenir à la fiction, il répond : “J’ai toujours eu l’impression de faire ce que je voulais. Le moment semblait bien choisi, alors je l’ai fait. Je n’ai aucune obligation à être cohérent”.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Une deuxième adaptation épistolaire
Si Frederick Wiseman revient à la fiction, il ne s’éloigne pour autant pas trop du réel. La Dernière lettre, son premier film entièrement fictionnel, sorti en 2002, était basé sur les dernières lettres à son fils d’Anna Semionovna, personnage victime des pogroms nazis dans Vie et Destin de Vassili Grossmann. Sous la forme d’une pièce filmée, l’actrice Catherine Samie, en monologue face caméra, témoignait de l’arrivée des Nazis dans sa petite ville ukrainienne. Présenté à la Mostra de Venise dans quelques jours, Un Couple, basé, lui aussi sur une œuvre épistolaire, retrace la romance tourmentée du couple Tolstoï. Adapté des lettres de Sophia Tolstoï, le film est un long monologue où cette dernière, incarnée par Nathalie Boutefeu (Le Chignon d’Olga), fait part des complexités de sa relation avec le célèbre romancier russe, qui l’a trompée à de nombreuses reprises. Toujours pour IndieWire, Frederick Wiseman explique, à propos de la direction d’acteurs dans ce nouveau projet : “Leur relation oscillait entre l’indifférence et la passion. C’était un défi cinématographique complètement différent pour moi. Dans mes documentaires, je ne demande jamais aux gens de faire quoi que ce soit pour moi.”
60 ans de carrière
Le cinéaste américain commence sa longue carrière par Titicut Follies, en 1967, où il filme pendant un an les conditions de détention catastrophiques de l’unité psychiatrique d’une prison du Massachusetts. Le film est censuré pendant 27 ans aux Etats-Unis. Il réalise ensuite Law And Order, en 1969, où il suit les bavures d’une unité de police américaine : c’est la première fois dans l’histoire du documentaire qu’une réalité sociale est dénoncée de manière aussi crue. S’en suivent 60 ans de carrière et plus d’une quarantaine de films s’intéressant aux vendeuses des grands magasins ou aux campus universitaires, en passant par les danseuses du Crazy Horse. Autant de portraits qui témoignent de la complexité de la nature humaine.
{"type":"Banniere-Basse"}