La nouvelle et sublime bande-annonce du film le plus attendu de la galaxie a été dévoilée hier soir aux Etats-Unis. En quelques heures, les vues se comptent par million et les articles à son sujet prolifèrent. Mais que nous dévoilent vraiment ces deux minutes quinze d’images sur le contenu du spin off de la mythique saga ?
ATTENTION SPOILERS !
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Cela fait maintenant près de vingt ans que l’empereur Sith Palpatine, prétextant une fausse tentative de coup d’état, a dissous la République pour créer le premier Empire Galactique, tout en menant une vaste purge contre les jedi. A l’aide de son bras armé Dark Vador, d’une flotte de vaisseaux imposante et de légions de stormtroopers conditionnés à obéir, il fait régner l’ordre et la terreur sur la galaxie, tout en luttant contre une farouche Alliance rebelle. C’est dans ce contexte de guerre civile, un monde sans jedi où des individus se dressent face à la toute-puissance d’un régime despotique, que prend place Rogue One, premier spin off de la saga Star Wars (film centré sur des personnages dérivés s’écartant de la trame principale). L’occasion de quitter les opus canoniques de la série et le destin des Skywalkers pour explorer de nouvelles possibilités narratives et formelles au sein l’univers créé par George Lucas.
L’histoire de ce nouveau volet prend place juste avant l’ouverture de l’épisode IV, Un nouvel espoir, qui voit la princesse Leia, dont le vaisseau a été capturé par un immense Star Destroyer, dissimuler les plans de l’Etoile noire, une planète-vaisseau impériale aux capacités de destruction terrifiantes, dans le célèbre droïde R2D2. Ce sont ces mêmes plans qui permettront à Luke Skywalker et un escadron de pilotes rebelles de détruire l’Etoile noire à la fin du film. Rogue One se propose de raconter les détails de la mission aussi dangereuse qu’héroïque qui a permis le vol de ces plans. Son personnage principal, Jyn Erso, une jeune femme farouche au passé mouvementé, est capturée par les troupes de l’Alliance rebelle. Ses responsables lui proposent de rejoindre un commando de guerriers marginaux pour mener à bien cette mission quasi-suicide (97,6 % de probabilité d’échec, selon le droïde K-2SO).
Ecrit par Chris Weitz, Rogue One est réalisé par le britannique Gareth Edward, remarqué pour le film de science-fiction indépendant Monsters et pour la dernière version en date de Godzilla. Si sa capacité à allier un style nerveux et réaliste à l’ampleur opératique de la science-fiction ont plu aux exécutifs de Disney, le tournage, achevé à l’automne 2015, a été mouvementé. D’importants reshoots (tournage de scènes additionnelles ou de nouvelles versions de scènes déjà mises en boite), apparemment à hauteur de 40%, ont été effectués au printemps 2016 sous la houlette de Tony Gilroy (Jason Bourne : L’héritage, Michael Clayton), qui assiste également le réalisateur sur la post-production du film. Gareth Edwards a-t-il été dépassé par l’ampleur du projet et la pression due aux attentes qu’il provoque ? Sa vision sombre et réaliste a-t-elle déplu au studio, qui aurait souhaité retrouver la tonalité plus familière du Réveil de la Force de JJ Abrams ? La nouvelle bande-annonce, mariant avec intensité le spectaculaire et l’intime dans un climat sombre impressionnant de maîtrise visuelle, devrait rassurer les plus sceptiques.
De nouveaux personnages hauts en couleurs
Ces nouvelles images nous donnent un aperçu plus précis des charismatiques têtes brûlées qui accompagneront la courageuse Jyn dans sa mission. On y croise le capitaine rebelle Cassian Andor (Diego Luna), un pilote expérimenté qui se battra jusqu’au bout aux côtés de la jeune femme ; K-2SO, un ancien droïde de sécurité impérial re-programmé à la franchise désarmante dépeint comme ayant « la personnalité de Chewbacca dans un corps de machine » ; mais aussi Chirrut Îmwe (Donnie Yen), un moine-guerrier aveugle vénérant la Force comme une religion, son acolyte et protecteur Baze Malbus (Jiang Wen), mercenaire expert en armes à feu dont la planète a été détruite par l’Empire, et le lunatique ingénieur Bodhi Rook (Riz Ahmed). Les fans des séries animées Clone Wars et Rebels retrouveront avec joie le personnage de Sam Gerrera (Forest Whitaker), un vétéran de la Guerre des clones aux méthodes controversées, quand d’autres se réjouiront de la présence de Mon Mothma, ancienne sénatrice désormais à la tête de l’Alliance Rebelle.
Si la bande-annonce ne nous dévoile rien sur Galen Erso, le père de Jyn interprété par Mads Mikkelsen, scientifique en fuite ayant participé à la création de l’Etoile noire, ni sur le sénateur Bail Organa (Jimmy Smith), père adoptif de la princesse Leia dont le retour a été annoncé, elle met en avant le terrifiant Directeur Orson Krennic, un élégant officier impérial ambitieux et sans pitié à la tête du programme de recherche en armements de l’Empire. Mais elle signe surtout, en un court plan ponctué d’un souffle reconnaissable entre mille, le retour de l’un des plus grands méchants de l’histoire du cinéma, le seigneur noir Dark Vador (toujours doublé par James Earl Jones).
L’Empire assiège une planète
Plusieurs plans étonnant nous montrent l’Etoile noire encore inachevée en orbite, apparemment à l’envers (si tant est qu’il y ait un envers dans l’espace), autour d’une étrange planète, lançant ses cohortes de vaisseaux et de troupes vers le sol, et provoquant une éclipse par son gigantisme. Cette planète desséchée aux reliefs ocres évoquant la Monument Valley, et dont l’architecture des villes s’inspire des anciennes cités du Moyen-Orient et de la mythique Babylone, c’est Jedha, une terre sainte pour les adeptes de la Force, qui dissimule apparemment un secret dont l’Empire aimerait s’emparer. D’autres plans nous font découvrir dans toute la splendeur de l’IMAX Scarif, un monde tropical à-priori paradisiaque qui renferme un important complexe militaire de l’Empire.
De nombreux combats se déroulent dans ces environnements, mis en scène dans un style guérilla nerveux et violent tenant plus d’Alien 2 de James Cameron ou du Soldat Ryan de Spielberg que des chorégraphies virtuoses des duels au sabre laser. Le moine-guerrier Chirrut met à terre une patrouille de stormtroopers dans une ruelle à l’aide de son seul bâton, des tirs sont échangés dans une environnement urbain pour libérer un groupe de prisonniers, une troupe de rebelles charge une escouade d’imposants TBTT et les arraisonne au lance missile, des vaisseaux se crashent dans de spectaculaire explosions… Les affrontements s’annoncent brutaux et sans pitié, et le déséquilibre des forces est évident. Pourtant, cela n’empêche pas Jyn Erso de se dresser seule face à un chasseur impérial sur une plate-forme surplombant les nuages dans un plan débordant d’héroïsme et de folie. Quand le monde est au bord du gouffre, le courage est la seule arme des combattants pour la liberté.
Un bel équilibre entre innovation et continuité
L’ambiance dégagée par ces images est plus tendue et réaliste que dans les autres films de la saga, comme si son univers avait grandi avec ses fans pour gagner en complexité et en nuance ce qu’il perd en manichéisme : si l’ombre et la lumière se livrent toujours leur éternel combat, Rogue One se déploie dans la zone brumeuse où elles s’entremêlent, n’éludant ni la rudesse de la guerre, ni l’ambiguïté des personnages. L’usage récurrent d’une caméra à l’épaule survoltée lors des affrontements au sol, qui laisse présager un film de guerre âpre et immersif, est en grande partie due au directeur de la photographie Greig Fraser, connu notamment pour son travail sur Zero Dark Thirty de Kathryn Bigelow. Le régime est tout autre pour les plans de paysages ou d’espace qui utilisent toute la splendeur de la pellicule et de l’IMAX dans des money shots imposants et des jeux d’ombre et lumière saisissants.
Si l’histoire et les partis pris visuels du film nous promettent un renouveau narratif et esthétique pour la saga, il se rattache néanmoins à ses prédécesseurs en s’inscrivant parfaitement dans leur chronologie, reprenant la tonalité tragique de La Revanche des Siths et l’héroïsme rebelle d’Un nouvel espoir. On notera aussi la volonté de privilégier les décors en dur et de limiter le recours aux effets spéciaux numériques et aux fonds verts initiée par Le réveil de la force. Enfin, on peut présumer qu’en plus d’explorer une période clef l’univers de Star Wars, Rogue one nous réserve de nombreuses surprises quant aux implications des événements qu’il relate, et aux liens de ses personnages avec d’autres aux visages plus familiers.
Rogue One : A Star Wars Story sortira en France le 14 décembre 2016, un an avant le huitième épisode de la saga mis en scène par Ryan Johnson.
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