D’un film noir d’apparence classique, Clark fait l’une des pièces maîtresses de son travail sur les ados américains paumés.Un mois avant la sortie du nouveau film de Larry Clark, Ken Park, on reverra utilement son film le plus « hollywoodien », Another Day in Paradise. Le sujet de Clark, de sa première carrière de photographe à celle […]
D’un film noir d’apparence classique, Clark fait l’une des pièces maîtresses
de son travail sur les ados américains paumés.
Un mois avant la sortie du nouveau film de Larry Clark, Ken Park, on reverra utilement son film le plus « hollywoodien », Another Day in Paradise.
Le sujet de Clark, de sa première carrière
de photographe à celle tardive de cinéaste,
c’est la déréliction d’adolescents dés’uvrés dans l’Amérique white trash, traité avec une fascination manifeste pour les corps de ces ados pubères.
Dans Kids, son premier film (1995), Clark filme cette génération en évacuant totalement celle de leurs parents. Ce n’est que dans Another Day in Paradise, tout comme dans Ken Park (en salles le 8 octobre), qu’il confrontera les kids à leurs aînés. Ici, les ados sont aussi paumés que d’habitude : Vincent Kartheiser, le pantalon à mi-fesses, réussit un casse en plein trip dès la scène d’ouverture, tandis que
sa copine, Natasha Gregson Wagner, réclame qu’il la tire par les cheveux quand il lui enfonce sa queue dans la gorge. Melanie Griffith et James Woods incarnent, eux, la génération adulte : un couple
de petits gangsters défoncés qui sert de miroir
aux deux minous.
Mais cette frontière générationnelle devient floue au fil des scènes et des shoots, troublant reflet
de la démarche même de Clark, dont on sait qu’il
se fond dans les groupes d’ados qu’il filme, oubliant ou leur faisant oublier qu’il a quarante ans de plus qu’eux. Ces quatre zonards finissent par s’inventer une famille borderline avec ses rites d’appartenance (il faut voir Griffith montrer
à sa coéquipière comment se piquer la cuisse)
et ses blocages œdipiens. Le meilleur du film n’est pas dans son intrigue, mais bien dans ces moments en creux, où Clark excelle à imprimer le quotidien.
Olivier Nicklaus
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