La comédienne, morte mardi à 68 ans, avait été rendue célèbre dans Le Père Noël est une ordure, au théâtre et au cinéma. Elle avait obtenu le César de la meilleure actrice pour Le Grand Chemin en 1988.
« Non seulement Jésus-Christ était fils de Dieu, mais encore il était d’excellente famille du côté de sa mère« , comme disait Monseigneur Hyacinthe-Louis de Quélen (1778-1839) qui fut archevêque de Paris.
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Une militante
De même, Anémone était la fille d’un fabuleux médecin devenu psychiatre sur le tard, André Bourguignon, décrit comme un grand humaniste, et la petite-fille d’un grand médecin et résistant, qui fut président de la Croix-rouge française, Louis-Justin Besançon. Il n’y a donc pas que le chanteur Carlos, l’immarcescible chanteur-amuseur de Tirlipompon sur le Chihuaha qui eut une ascendance prestigieuse (Françoise Dolto et le grand kiné Boris Dolto). Il faut toujours se méfier des comiques.
Anémone, de son vrai prénom Anne, a longtemps passé pour une rigolote (sa collaboration avec la troupe du Splendid, évidemment brillante – Le Père Noël est une ordure, où elle intérprétait sans barguigner le type de bonne soeur laïque coincée qu’elle avait dû croiser lors de ses passages dans les plus grandes écoles, collèges et lycées catholiques qu’on lui avait fait fréquenter), puis une « chieuse » (ses opinions politiques, écologistes et d’extrême gauche, et son féminisme déplaisaient fortement). A la télévision, alors très populaire, elle fut la première à dire des choses aussi simples que : « Mettez moins de lessive dans votre machine à laver« . Cela peut paraître dérisoire aujourd’hui, mais c’était totalement inédit et surprenant dans les années 90.
C’est Philippe Garrel, sommité de la modernité de la fin des années 60 et des années 70, qui lui avait trouvé son pseudo, dans son film éponyme, le premier d’Anne Bourguignon.
La troupe du Splendid
Coluche lui offre un rôle important dans Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine en 1977. Mais c’est évidemment sa rencontre et sa collaboration avec le troupe du Splendid (Christian Clavier, Gérard Jugnot, Michel Blanc, Marie-Anne Chazel, Bruno Moynot, etc.) et quelques jeunes acteurs et auteurs associés (Josiane Balasko, Martin Lamotte, Dominique Lavanant et Roland Giraud) qui lui apportent la notoriété, à la fois au café-théâtre et au cinéma (Le Père Noël est une ordure est réalisé par Jean-Marie Poiré, neveu du producteur du film).
Ensuite, peu à peu,dans les années 80, Anémone devient « bankable », une vraie star du cinéma français (Ma femme s’appelle reviens, Les Babas-cool, Pour cent briques, t’as plus rien…, Le Quart d’heure américain), une femme qui peut aussi écrire des films, comme Le Mariage du siècle – film précurseur de Palais royal de Valérie Lemercier. Elle passe souvent à la télévision, parfois bourrée (avec son collègue Thierry Lhermitte, chez Pierre Tchernia).
Mais c’est un cinéma encore plus populaire et beaucoup moins drôle (et moins bon, soyons francs) qui lui permet de remporter des médailles, comme celui de Jean-Louis Hubert, qui enchaîne succès au box office. En 1988 elle reçoit le César du meilleur rôle féminin pour son role dans Le Grand chemin, trophée qu’elle vient récupérer en courant et en l’oubliant sur la scène…
Elle joue aussi chez le prétentieux mais encore branché (tendance Télérama) Michel Deville (Péril en la demeure, Aux petits bonheurs). Dans les années 1990, on la voit chez Tonie Marshall (Pas très catholique, Enfants de salaud), Romain Goupil (Maman) et réussit sa composition la plus émouvante en mère d’une enfant malade chez Christine Pascal (Le petit prince a dit).
Dans les années 90, elle se tourne vers le théâtre, joue notamment sous la direction Roger Planchon. En décembre 2017, elle annonce qu’elle met fin à sa carrière. Elle se montre encore, seul intérêt, dans le rôle d’une grand-mère, du film d’Anne Le Ny, La monnaie de sa pièce, sorti en janvier 2018.
Elle est morte aujourd’hui, sans doute d’un cancer, à l’âge de 68 ans.
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