De gros moyens, un casting poids lourd pour, à l’arrivée, une fable burlesque sous vide.
On entrevoit, tout au long d’Amsterdam, une poignée de beaux films qu’il aurait pu être, que peut-être même il cherchait à être (encore qu’il soit difficile de savoir s’il cherche vraiment à “être” quoi que ce soit) : une fantaisie historico-politique, traversant par la magie de la fiction tous les événements et tous les motifs d’une époque, ses guerres, ses élections, ses sociotypes (l’aristocratie finissante, les médecins charlatans…) ; un cousin des frères Coen aussi, auxquels le ton de farce burlesque pétrie de panique existentielle semble parfois faire appel…
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Le film pourtant ne peut rien être de tout cela tant il s’encombre de monceaux de lourdeur : lourdeur de la reconstitution d’époque jaunâtre et publicitaire (l’Europe bohème de l’entre-deux-guerres, au secours), lourdeur de l’apologue politique (niveau OSS 117, mais qui se prendrait au sérieux), lourdeur, surtout, du jeu.
Lourdeur et décadence
Comme s’il redoutait, peut-être, d’exister un peu moins que d’habitude au milieu de l’amoncellement de superstars que lui inflige Russell (Taylor Swift, Robert De Niro, Mike Myers, Chris Rock, Michael Shannon… qui à part Wes Anderson parvient à réunir de tels bancs de seconds rôles ?), Christian Bale a rarement autant cabotiné qu’ici.
L’acteur se retrouve dans cette situation paradoxale où l’extrême technicité qu’il met au service de sa partition échoue totalement à écrire un personnage et ne renvoie in fine qu’à elle-même, ce qui n’empêche certes pas le film de générer de bons sketches, mais nous désinvestit tout de même considérablement du récit.
Quelque chose, pourtant, tambourine par en dessous ; quelque chose de léger qui cherche à s’envoler mais ne trouve pas de fenêtre ouverte, comme un film vivant qui se débattrait sous les coutures d’un film mort, et qui resterait coincé. À cause de quoi ? Sans doute du fait que personne, dans cette somptuaire affaire, n’ait véritablement entrepris de respirer.
Amsterdam de David O. Russell, avec Christian Bale, John David Washington (É.-U., 2022, 2 h 15). En salle le 1er novembre.
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