American history X arrive sur nos écrans précédé d’une réputation sulfureuse. Après l’avoir vu, on se demande bien pourquoi ou plutôt, on voit très bien les mauvaises raisons de ce buzz. Tout tient au sujet du film, qui se passe dans le milieu des skinheads fascistes de Los Angeles. Matériau que l’on ne remet […]
American history X arrive sur nos écrans précédé d’une réputation sulfureuse. Après l’avoir vu, on se demande bien pourquoi ou plutôt, on voit très bien les mauvaises raisons de ce buzz. Tout tient au sujet du film, qui se passe dans le milieu des skinheads fascistes de Los Angeles. Matériau que l’on ne remet pas en cause en soi et à partir duquel Tony Kaye aurait pu tirer un film intéressant sur le mal, sa nature, son opacité… Or, American history X n’est ni le Henry, portrait d’un serial-killer ni le Blue velvet des apprentis nazillons, c’est-à-dire que Tony Kaye ne possède ni la sécheresse réaliste d’un McNaughton ni l’inventivité plastique d’un Lynch. Au lieu de quoi, il tombe dans les pires pièges tendus par son difficile sujet et navigue à vue entre esthétisation publicitaire, sociologie à trois sous et morale d’assistante sociale débutante. Le film est centré sur l’histoire de deux frères : le plus grand est devenu skin suite à un trauma familial (son père a été tué par un dealer noir) ; c’est un jeune facho charismatique, jusqu’au jour où il assassine un Noir et passe trois années en taule. En prison, il réfléchit et se dénazifie progressivement : le processus est activé par sa rencontre avec un prisonnier noir et culmine lorsqu’il se fait violer par ses codétenus fachos ! A l’instar du meurtre inaugural et de tous les moments « dramatiques » du film, cette scène est filmée avec force ralentis et joli noir et blanc, comme une pub Calvin Klein. Cette esthétique déplacée se conjugue à la naïveté du scénario qui décrit de façon pour le moins simpliste le cheminement moral du skinhead.
Une fois sorti de prison, le grand frère va achever son processus de réhabilitation (processus facilité par le fait qu’il est joué par le sympathique Edward Norton), rompre avec les cercles skins, se rabibocher avec sa mère et sa soeur et, surtout, ramener dans le droit chemin son jeune frère tenté par l’aventure faf. Tony Kaye ne joue que sur les antagonismes les plus manichéens, que ce soit sur le plan scénaristique ou filmique (contraste passé/présent, noir et blanc/couleur, bien/mal, Noir/Blanc, démocratie américaine/groupuscules skins, etc.) pour aboutir au b. a.-ba de la morale la plus élémentaire. Fallait-il deux heures de cinéma clipeux pour nous démontrer que le racisme, c’est stupide et vilain ? A qui s’adresse ce film ?