Philippe Lacheau offre une suite à son plus gros succès. C’est comme d’habitude : un enfer de mollesse, de beauferie et de puérilité malgré, cette fois-ci, une vague réussite dans certaines outrances.
Les années passent, Philippe Lacheau demeure, enchaînant les projets reposant sur des pitchs de six ans d’âge mental (“un super-héros, sauf qu’en fait il est tout nul !”), ou cent ans (“un jeune homme doit à son grand dam s’occuper d’un enfant très turbulent… et rapidement les choses se corsent”), c’est selon, mais qui font systématiquement mouche auprès d’un public acquis à son cocktail d’ultra-normalité pavillonnaire, de démesure cartoon, et de peinture à très gros traits des affres de la conjugalité. Succès difficile à cerner, tant le talent est invisible à l’écran (toute la bande joue comme un manche à balai) et les ficelles aussi grossières qu’un sketch écrit par votre neveu (celui qui parle fort).
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Alibi.com 2, suite du plus gros hit à ce jour de la bande, reprend le personnage de Grégory alors qu’il a renoncé à son affaire de menteur professionnel (il mettait en scène des situations abracadabrantes pour le compte de client·es nécessitant un alibi quelconque) afin de se ranger avec sa conjointe, Flo, qu’il projette d’épouser. Mais l’idée de devoir lui présenter ses parents lui fait tellement honte qu’il préfère reprendre du service dans le baratin : il va recruter des faux parents, tout en montant un faux mariage pour y inviter les siens véritables, et tout va évidemment lui échapper.
Un imaginaire de merdeux de neuf ans
À résumer les choses ainsi, on pourrait croire que le film parle de famille et de couple, mais ce serait lui accorder trop de crédit. Comme d’habitude chez Lacheau, rien ne tient vraiment dans ce récit dont le gag de guignol est la seule raison d’être : le film se borne dans un tunnel de quiproquos, de péripéties burlesques décorrélées de toute écriture cohérente des personnages et des sentiments. Le résultat fait l’effet d’une blague de Toto très longue et très ramifiée, avec de la super glue sur la lunette des WC, une mamie qui fait des films pornos, des fléchettes somnifères dans les fesses, des jolies filles, des laiderons…
Un imaginaire de merdeux de neuf ans, ou de fuckboy de 35, ou peut-être bien de cinquantenaire roupillant, qui est globalement insupportable de tiédeur, et en réalité, totalement soumis à un ordre bourgeois – intéressant en effet de voir à quel point tout ce gentil chaos est au fond contenu à l’intérieur d’un horizon pavillonnaire ouest-parisien qui est le seul envisagé par Lacheau, hypnotisé par le ronron des Range Rover, le crachotement du robot piscine, le silence du monospace et le laqué de l’écran plat. Il n’y a que Didier Bourdon, évidemment, pour venir porter dans ce tableau un peu de crise : on lui sait gré des rares moments où le film semble entrer dans des véritables démences (une scène de bagarre où l’ex-Inconnu ose le nu intégral), se permettre la folie et nous laisser, provisoirement, respirer.
Alibi.com 2 de Philippe Lacheau avec Philippe Lacheau, Élodie Fontan, Tarek Boudali
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