Gamin des rues de Casablanca, Ali Zaoua rêve de devenir marin et de rejoindre une île aux deux soleils. Malheureusement, il meurt accidentellement au cours d’une rixe entre bandes rivales : ses trois copains vont tenter de l’enterrer dignement et de réaliser son rêve. Le film de Nabil Ayouch reprend une thématique jalonnée de grandes […]
Gamin des rues de Casablanca, Ali Zaoua rêve de devenir marin et de rejoindre une île aux deux soleils. Malheureusement, il meurt accidentellement au cours d’une rixe entre bandes rivales : ses trois copains vont tenter de l’enterrer dignement et de réaliser son rêve.
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Le film de Nabil Ayouch reprend une thématique jalonnée de grandes œuvres dans l’histoire du cinéma, du Los Olvidados de Buñuel au Kids de Larry Clarke, avec lesquelles il ne peut éviter une comparaison pas forcément à son avantage. Ainsi, Nabil Ayouch peine à renouveler les histoires et péripéties consubstantielles à l’enfance : rêves naïfs, premiers émois sensuels, péripéties espiègles, importance centrale du groupe et de l’amitié, tout cela a déjà été maintes fois vu et revu. Le cinéaste ne parvient pas non plus à inventer une forme forte ou originale, sa mise en scène est correcte mais timide. Malgré ces réserves, Ali Zaoua recèle en son cœur des trésors d’essence documentaire. En effet, Nabil Ayouch a travaillé avec de véritables enfants déshérités qui « jouent » leur propre rôle. De ce point de vue, le film est déjà une remarquable aventure humaine, sociale et politique. Mais il se trouve aussi que ces gosses sont des comédiens formidables de gouaille et de présence, capables aussi de véhiculer toute une palette d’émotions. Le mérite essentiel de ce film et du cinéaste est d’avoir déniché ces gavroches marocains, de les avoir fait travailler et d’avoir su les regarder.
Il y a dans Ali Zaoua une tension entre une vérité âpre d’ordre documentaire qui tient essentiellement aux corps et aux visages des jeunes acteurs, et une sauce fictionnelle plus mièvre et plus banale. Le réalisateur justifie son choix de la forme du conte par une volonté d’éviter le misérabilisme, ce qu’on comprend très bien, mais il nous semble que filmer ces enfants sans ornements suffisait à esquiver cet écueil. Car à notre avis, c’est quand il se contente de regarder avec simplicité et attention sa formidable matière humaine que Nabil Ayouch fait mouche et rejoint par éclairs les plus beaux films sur l’enfance nue.
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