Enquête troublante sur des épisodes sanglants de la guerre d’Algérie narrés par leurs protagonistes. Un document fort.
Dernier acte d’une trilogie sur la guerre d’Algérie, ce long film en quatre parties tire sa richesse de son approche. Ce sont des citoyens algériens qui enquêtent eux-mêmes et rencontrent des témoins. Un agronome, Aziz ; une journaliste, Katiba ; un témoin anonyme et un metteur en scène, Kheïreddine, retracent des cas concrets. Le film révèle le caractère shakespearien de la guerre, qui fut un Macbeth à l’échelle d’un pays. Pour la première fois, ou presque, des Algériens racontent, sans fard et in situ, ce qu’ils ont vécu ou commis. Non seulement on touche du doigt l’horreur, mais on comprend que la guerre civile des années 1990 fut une réplique du conflit des années 1950-1960. Ce que les Français appelaient euphémiquement les “événements d’Algérie” ne sont plus des épisodes obscurs et lointains. La proximité des lieux et des protagonistes provoque un choc électrique. En traitant de cas précis (des proches disparus, un musicien juif assassiné, la communauté espagnole d’Oran éradiquée), on dévoile les multiples facettes de cette guérilla chaotique : torture, attentats, règlements de comptes, sauvetages, fraternité, etc.
Le documentaire ne fait pas d’angélisme, accumulant sans hiérarchie les témoignages. Comme celui, incroyable, de cet homme revendiquant fièrement l’assassinat de colons, dont celui d’une femme dont il dégusta les sardines qu’elle cuisinait après qu’elle eut été égorgée. La complexité fratricide de la guerre d’Algérie ne fait qu’émerger.
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