Luchini écrase tout dans ce huis clos maritime célébrant les vertus du théâtre.
On aurait pu aimer ce film qui dénigre conventionnellement la télévision
au profit du théâtre, si Fabrice Luchini n’y jouait un comédien
lassé de la société auquel on vient proposer le rôle du Misanthrope de Molière.
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Schéma tautologique, alourdi par un Luchini en roue libre qui, après un démarrage faussement modeste, se lance sans retenue dans certains de ses numéros histrioniques.
Comme son personnage le réalise lui-même (seulement à un moment, hélas), il joue toujours en force. Tout, chez Luchini, est péremptoire et bruyamment proféré. C’est épuisant. Heureusement, il y a Lambert Wilson, acteur un peu à l’ancienne qui, malgré son phrasé et son allure fifties, fournit un contrepoint reposant aux éclats de son comparse en tenant le rôle ingrat du faire-valoir, du vieux beau ringard, de la vedette m’as-tu-vu de série télé ; son travail de composition est nettement plus nuancé que l’éternel cours du prof Luchini tapant sur les doigts (et les nerfs) de ses interlocuteurs.
Bref, ce huis clos culturel tourné à l’île de Ré ne vaut guère que pour une seule bonne idée. Certes, elle repose sur un paradoxe (du comédien) un peu facile, mais elle produit son petit effet : l’irruption d’un joli ange blond – dont on a appris qu’elle était actrice porno et fière de l’être –, qui va river leur clou aux deux compères lorsqu’ils lui demandent, presque narquois, de leur lire un passage du Misanthrope…
Contrairement à leur (et à notre) attente, la jeune fille se sort avec grâce de l’exercice en faisant souffler une brise de fraîcheur sur cette comédie un peu poussiéreuse. Mais c’est un bien maigre butin par rapport aux longuettes promenades à bicyclette (cf. le titre) ou à une vague et insignifiante amorce d’intrigue amoureuse sensée alléger le pensum.
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