Une dramedy aux accents rohmériens, avec James Gandolfini, par une cinéaste admirée aux USA mais à peine connue en France.
« J’en ai marre d’être drôle”, décrète un jour Eva (l’excellente Julia Louis-Dreyfus) à Albert (James Gandolfini, bouleversant dans son avant-dernier rôle), son amant dodu allongé à ses côtés. Chacun divorcé avec un enfant en âge de quitter le foyer, ils se connaissent depuis quelques semaines déjà, lorsque l’avenante quadra fait cette confidence, signe que la première phase de séduction est arrivée à son terme, mais aussi, sans doute, symptôme d’une lassitude plus existentielle : celle des rigolos de service qui savent bien quelles blessures peuvent se cacher derrière l’humour.
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Monuments de la télévision américaine – Julia Louis-Dreyfus fut, neuf saisons durant, l’amie de Jerry Seinfeld, tandis que Gandolfini sera pour l’éternité confondu avec le plus célèbre mafieux des années 2000, Tony Soprano –, les deux acteurs brillent dans cette comédie romantique de Nicole Holofcener, cinéaste admirée aux Etats-Unis mais peu connue en France.
Parmi ses quatre précédents longs métrages, seuls les deux premiers, Walking and Talking (1996) et Friends with Money (2006) sont sortis ici, sans faire de vagues. Une situation qui évoque celle de James L. Brooks, maître de la dramedy (Tendres passions, Comment savoir…), avec qui, justement, elle partage un sens du dialogue ciselé, un goût pour la lente infusion des affects, et une impeccable lucidité, cette façon de pointer les mesquineries des personnages sans pour autant les accabler, de les jauger sans les juger.
Selon un mécanisme très rohmérien (tendre les fils de sa propre toile, par jeu, par défi et, bien entendu, par hasard), Eva se retrouve ainsi dans une situation inextricable, où elle devra choisir entre une nouvelle amie qui la fascine (Catherine Keener) et l’homme dont elle tombe doucement amoureuse, sans parvenir toutefois à abandonner ses arrière-pensées.
Et comme dans un bel épisode des Comédies et Proverbes, une fois la toile resserrée, une fois les subterfuges évaporés, une fois les masques tombés, ne demeure qu’une tristesse ravalée, et la possibilité de rire, enfin, à nouveau, au petit matin.
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